Extrait du journal

sément fondés sur ces trois principes : ni conversion, ni-émission, ni rachat. Il est vrai que l’emprunt a pris un masque. On ne l’offre pas au public : on l’impose à la Caisse des dépôts. On fait argent de tout, — même de la réserve des caisses d’épargne. Il est vrai encore que, si l’on ne ra chète pas les chemins de fer, en revanche on signe avec leurs Compagnies des ar rangements qui vont détourner à leur profit la concession de la plupart des lignes nouvelles, et qui assurent, en échange, quelques avantages aux dé putés. Il est Mai, de plus, que, si l’on ne fait pas de conversion, l’opération de trésore rie par laquelle en emprunte douze cent millions à la Caisse ressemble singulière ment à l’une des phases, et non des moins délicates, de cette grave transformation de nos rentes. Quoi qutil en soit, nous retrouvons dans le budget de M. Léon Say les mêmes idées que dans la déclaration de M. de Freycinet. C’est donc bien là une ques tion de cabinet au premier chef, non une question de portefeuille. Pourquoi prenons-nous la peine de bien préciser ce point de départ du dé bat qui va s’ouvrir devant la Chambre par la nomination de la commission du budget ? Est-ce parce que nous pensons qu’il va falloir renverser tout le ministère t Hélas 1 Pourquoi faire? Pourquoi le renverserait-on? De quel autre ministère moins audacieux, plus uni, plus déférent, la Chambre est-elle capable ? Se figure-t-on par hasard qu'après avoir fait l’expérience de la tournure qu’elle entend donner aux affaires publiques, les ministres tombés le 26 janvier aient formé le projet de mériter encore sa dé fiance ? Non pas! on peut dormir en paix sur les bancs de MM. Bernard Lavergne, Boysset et Louis Legrand. Il n’y a pas de tyran sous roche. Pas le moindre «grandminis tère » à l’horizon ! M. Gambetta se le tient pour dit. On ne désire chez nos amis la chute de personne : on ne veut d’aucun porte feuille, — les portefeuilles aujourd’hui ressemblant trop à ces corbeilles, bien connues des hommes de bureau, et, dans lesquelles on jette les papiers inutiles, les vieilles promesses et les grands pro jets. *

À propos

Fondé en 1881 par Charles Laurent, Paris fut d'abord un quotidien gambettiste, avant de devenir tout simplement opportuniste. En 1888, le journal attaque avec violence le Crédit Foncier, lequel le rachète immédiatement dans le seul but de le faire taire. À la suite de quoi le directeur du journal démissionne, pour fonder Le Jour. Le nouveau directeur Raoul Cavinet, d'une moralité douteuse, sera impliqué dans les années qui suivent dans plusieurs affaires de chantage et de fraude. Il abandonnera son poste, et le titre avec lui, en 1895.

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