Extrait du journal

Oui, M. Rouvier est, nous le croyons, fermement résolu à ne point livrer aux partisans de l’empereur ou du roi les clefs de la maison dont il a la garde; mais il a la bonté de les y laisser aller et venir, sans leur demander au préalable dans quelles intentions ils y entrent, — et c’est de cela qu’on se plaint. Incapable de trahir, il s’imagine que des adversaires politiques, vingt fois dé çus dans leurs espérances révolutionnai res, ne cherchent pas eux-mêmes à le duper quand ils font mine de ne plus tra vailler qu’à la concentration nationale. Il nous parle avec une foi honorable mais imprudente de l’opportunité qu’il y au rait à grouper tous les Français pour fêter le centenaire de 89, — comme si tous les Français voulaient dater de cette année-là, et comme si, même parmi ceux qui l’acceptent, il ne s’en trouvait pas qui rêvent encore de livrer la France aux descendants dégénérés de l’empereur ! Est-ce que le gouvernement se compose seulement de ministres ayant pour fonc tion et pour prérogative de préparer, de soutenir et d’appliquer des lois ? Non ! 11 se composa aussi d’agents de toutes Sortes et de tous rangs, ayant pour mission, comme les artères et artérioles du corps humain, de porter jusqu’aux extrémités du corps national le sang régénéré que le cœur y envoie. Eh bien, c’est là, c’est loin du centre, loin du moteur, loin de Paris, que les complaisances du ministère pour les hommes du Parlement qui lui accor dent leurs suffrages risquent de modifier gravement la saine circulation des idées et la genèse des opinions, par des fai blesses de détail....