Extrait du journal
L’n organe de combat. — Un curé qui Insulte la République. En un temps où l’on parle d’apaisement et de rapprochement, à l’heure même où les cinq cardinaux viennent de faire la provocante dé claration qu’on lira plus loin, il n’est pas sans intérêt de voir comment les subordonnés de Nosseigneurs de Paris, Rennes, Toulouse, Lyon et Reims entendent, de leur côté, cette fameuse pacification religieuse. Le curé de Roulogue-sur-Seine M. le curé de Boulogne vient de donner la mesure des sentiments républicains du clergé par un acte qui peut paraître au moins bizarre, venant d’un fonctionnaire du gouvernement. Dimanche dernier, en effet, à la sortie de la grand’messe l’honorable curé, qui n’ignore point lesdouccurs de la politique militante,avait installé près de la porte, a l’intérieur même de l’église, un enfant de chœur en livrée, distribuant à tous les fidèles qui voulaient l’accepter, une feuille nouvellement née, le Réveil de Boulogne, laquelle nous semble prêcher l’union et la concorde a’une façon plutôt étrange et paradoxale. 11 nous suffira de quelques extraits pour don ner la note de cet organe incendiaire. Leleading-article, intitulé Enseignement laïque, n’est point sans quelque intérêt pour Védifica tion des naïfs qui croient encore a la possibilité d’un rapprochement quelconque entre l’Eglise et le gouvernement républicain — quelle qu’en soit la nature. Voici, en première ligne, la définition sympa thique que le Réveil, cher au curé de Boulogne, donne cfe cet enseignement laïque dont il entre tient les pieuses personnes de la contrée : « Il ne faut jamais se tromper sur le sens de ces mots : enseignement laïque ; cela ne veut pas dire simplement enseignement qui n’est pas donné par des religieux, mais dont toute idée religieuse est complètement exclue. Le but est de former des petits Constans, des petits Ferry, des petits Yves Guyot. Comme le résultat doit être beau ! Et l’on rend obligatoire ce dressage; car, pour moi, ce n’est pas autre chose. » L ami du curé de Boulognc-sur-Seine nous concédera que ce procédé d’éducation qui nous donne « des petits Constans, des petits Ferry et des petits Yves Guyot » vaut bien celui qui fait fleurir des prêtres comme son protecteur et des écrivains comme lui-même. Mais ceci n’est qu’un avant-goût de la prose répandue par l’honnête abbé. Plus loin nous pouvons lire les lignes suivantes, exactement transcrites : « Dans cette question : feut-il que l’enseigne ment soit religieux ou laïque ? se pose un di- lemme inévitable : faut-il former un honnête homme, un bon citoyen, ou un orgueilleux, un malheureux, un âne savant, comme il y en a trop de nos jours ? » Choisissez ! » Qu’enseigne l’Eglise ? Aime ton dieu, ob serve ta religion, respecte tes parents, ne tue pas, ne sois pas débauché, considère la pro priété d’autrui comme inviolable ; en un mot, suis droit le chemin de la vie, sans faiblir, avec le regard haut et fier de l’homme dont la consscience n’est troublée par aucun remords. >...
À propos
Fondé en 1881 par Charles Laurent, Paris fut d'abord un quotidien gambettiste, avant de devenir tout simplement opportuniste. En 1888, le journal attaque avec violence le Crédit Foncier, lequel le rachète immédiatement dans le seul but de le faire taire. À la suite de quoi le directeur du journal démissionne, pour fonder Le Jour. Le nouveau directeur Raoul Cavinet, d'une moralité douteuse, sera impliqué dans les années qui suivent dans plusieurs affaires de chantage et de fraude. Il abandonnera son poste, et le titre avec lui, en 1895.
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