Extrait du journal

coup grossi votre armée d’un million d’hommes. A cette heure, vous pouvez jeter sur nous une masse de six millions et demi de soldats, auxquels nous ne saurions opposer plus de quatre mil lions de poitrines françaises. Nous nous contentons de vous suivre... de loin, hé las! C’est le seul reproche qu’il vous soit permis de nous adresser. Le G février dernier, vous disiez : « Nous » voulons faire l'Allemagne la plus forte » possible, et elle peut être plus forte » que n’importe quelle autre nation. » Tous nos efforts, à nous, tendent à ne pas laisser grandir démesurément la dis tance qui nous sépare. Si donc les arme ments gigantesques sont une cause légi time d’inquiétude, diminuez les vôtres ! Prêchez d'exemple. Alors, peut-être, on vous imitera. » Mais M. Goblct n'aura pas besoin de prononcer ce discours. M. de Bismarck ne prendra pas sur lui de nous lancer une sommation pareille, et l’Europe, même les alliés de l’Allemagne, ne l’au toriseront pas à parler en leur nom. La France anéantie, que pèseraient l’Italie et l'Autriche dans les mains du Chance lier? Où la Russie trouverait-elle un contrepoids suffisant aux mauvais des seins et aux appétits envahissants de son voisin de l’Ouest? Vassale, esclave :1c l’Allemagne : voilà l’Europe le jour où la France aurait disparu de la carte des grandes nations. Pour que l’Europe ne vît pas cela, pour qu’elle se prêtât à l’injonction qu’on prétend que le comte Herbert de Bis marck doit nous apporter la semaine prochaine, il faudrait que la folie eût tourné en même temps toutes les cer velles gouvernementales : à Rome, à Vienne, à Saint-Pétersbourg. Il faudrait un miracle. Or ce temps n’est pas fertile en mira cles Delcassé....