Extrait du journal
Mais nous préférons ne pas insister sur ce côté particulier du débat. M. le ministre de la guerre demande que les jeunes gens dispensés jusqu’à présent du service d’activité en temps de paix par leur situation de famille soient désormais astreints à dix mois de pré sence sous les drapeaux et il propose d’appliquer cette mesure, dès le mois de novembre prochain, à ceux de ces jeunes gens qui font partie de la classe de 1886. Cette catégorie comprend annuelle ment de A6,000 à A7,000 dispensés, dont : 2,100 aînés d’orphelins ; 17,300 fils de veuves ; 200 aînés de deux frères appelés à faire partie de la même classe ; 25,100 frères de militaires déjà présents sous les drapeaux ; 1,900 frères de militaires morts sous les drapeaux. On déclarerait, d’après le projet, que, parmi ces jeunes gens, 15 pour 100, soit 7,000, doivent être maintenus dans leurs foyers comme soutiens indispensables de famille, et l’ou en incorporerait 39,000. L’entretien de ces 39,000 hommes pen dant dix mois, c’est-à-dire pendant la même durée de service que la seconde portion du contingent, demanderait un supplément, de dépenses que l’on peut évaluer à 12,000,000 de francs, à raison de 1 fr. 25 par jour et par homme. Comme il est certain que le Parlement n’accorderait pas ce crédit, il faudrait donc réaliser des économies, soit par l’emploi de crédits restés sans emploi en fin d’exercice, ce qui revient à peu près au même résultat, soit en renvoyant 39,000 hommes de la classe qui vient de terminer sa troisième année de service, soit en diminuant la durée de la période d’exercice des réservistes, et peut-être même simultanément par ces trois pro cédés. D’après la répartition actuelle du con tingent, l’infanterie reçoit annuellement 65,000 hommes sur 92,000 du contin gent pour le service de quatre ans, et 27,000 sur 37,000 pour le service d’un an. Si nous admettons la même propor tion pour l’appel des dispensés, l’infan terie en recevrait 29,000 sur 39,000. Au cas où, pour faire place à ces 29,000 jeunes gens, on se déciderait à renvoyer autant de soldats terminant leur troi sième année de service, les appels an nuels donneraient donc les résultats suivants pour cette arme : 121,000 hommes dans leur première année de service, dont 65,000 de la pre mière portion du contingent, 27,000 de la seconde portion, 29,000 de la catégorie des dispensés, parmi lesquels 56,000 ne devant servir que dix mois. 62,000 hommes dans leur deuxième année de service, déduction faite des pertes. 60,000 hommes dans leur troisième année de service, déduction faite des pertes. 30,000 hommes dans leur quatrième année de service, déduction faite des pertes et après renvoi de 29,000 soldats pour faire place aux 29,000 jeunes gens de la catégorie des dispensés. Cela revient à dire que l’infanterie pratiquerait le service de quatre ans pour 30,000 hommes, de trois ans pour 29,000 et d’un an pour 56,000, système que nous avons toujours repoussé, car, si nous réclamons le service de trois ans et de deux ans, nous combattons éner giquement celui de trois ans et d’un an. Cette combinaison est donc inaccep table au point de vue militaire. Il est vrai que le projet ministériel ne propose d’y recourir que partiellement et que, par l’exposé des motifs, il est dit que l’un obtiendra quelque économie, d’autre part, eu réduisant la durée de la période de convocation des réservistes. Nous regrettons sincèrement que cette proposition ait été formulée par M. le mi nistre de la guerre, non point seulement parce qu’elle paraît justifier les pro grammes électoraux des candidats à la députation qui l’ont émise en octobre 1885, mais surtout parce que, Venant de si haut, elle atteint directement une coutume militaire aujourd’hui passée dans nos mœurs nationales et met en doute la nécessité du maintien de cette coutume. Militairement et politiquement, le pro jet relatif à l’appel des dispensés est donc mauvais. Est-il bon au point de vue social ? Nous sommes ici les adversaires décla rés de toute dispense du service actif en temps de paix. e En premier lieu, parce que les jeunes gens qui jouissent de ce privilège consa crent à leur profit les années que les au tres donnent au pays eu rejoignant les drapeaux, et que la carrière de ces der niers se trouve ainsi trop souvent sacri fiée. En second lieu, parce que la dispense du service actif en temps de paix crée une présomption effective de dispense en temps de guerre, tout au moins pour les premières batailles, les troupes ac tives ne devant être composées, au début des hostilités, que des jeunes gens qui ont reçu comme soldats dans l’armée per manente une instruction militaire com plète. A ce point .de vue même, l’avantage fait aux soutiens de famille en temps de paix ne se justifie plus, car en temps de guerre on appelle dans les troupes de première ligne des réservistes qui ont...
À propos
Fondé en 1881 par Charles Laurent, Paris fut d'abord un quotidien gambettiste, avant de devenir tout simplement opportuniste. En 1888, le journal attaque avec violence le Crédit Foncier, lequel le rachète immédiatement dans le seul but de le faire taire. À la suite de quoi le directeur du journal démissionne, pour fonder Le Jour. Le nouveau directeur Raoul Cavinet, d'une moralité douteuse, sera impliqué dans les années qui suivent dans plusieurs affaires de chantage et de fraude. Il abandonnera son poste, et le titre avec lui, en 1895.
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