Extrait du journal

Nous n’avons peut-être pas encore fait assez ressortir la radieuse naïveté des po liticiens qui s’en vont partout répétant qu’il faut se liguer, pour assurer la fin du règne des personnalités et pour inaugu rer l’empire des principes... C’est une véritable révolution qui a commencé le 3t> janvier, par le vote que l’on sait, et qui s’est poursuivie le 23 mars par l’élection des membres de la commission du budget. C’est une révolu tion en ce sens que le parti républicain, groupé depuis dix ans derrière quelques hommes éminents, toujours prêts à la lutte et dont on trouvait bons les avis et les discours, les actes et les paroles, quand il s’agissait de battre les ennemis de la République, s’est disloqué, divisé, compromis, juste au moment où la mar che régulière de nos institutions venait enfin de mettre d’accord les deux grandes fractions du Parlement. C’est après que le suffrage universel et le suffrage restreint avaient réussi à don ner le même mandat au Sénat et à la Chambre ; c’est après le succès définitif et sans precedent d’une méthode politi que, inventée non sans hardiesse et pra tiquée avec patriotisme au milieu de dangers sans cesse renaissants, — c’est à ce moment que, reniant leurs affections et leur croyance, les politiciens s’unissent pour exiler de la République tout hom me suspect ou convaincu de croire à la nécessité d’un chef. Et l’on proclame alors cet axiome mys tique dont on voudrait faire le premier article de foi du catéchisme républicain : « Pot d'hommes, rien que des principes, n C’est-à-dire que l’on abandonne la mé thode opportuniste, que l’on se rallie à la méthode intransigeante, à celle qui ne connaît, ou prétend ne connaître ni les tempéraments, ni le progrès par l’ordre, ni la confiance aux élus, ni la nécessité de la discipline. Eli bien, nous avons le devoir de pro tester contre un tel abandon, que rien ne instille et qui compromettrait tout....