Extrait du journal
Et vraiment de qiioi se plaint-on ? ùô ce que l’eau manque à nos robi nets, ce qui est encore le meilleur, car quand elle coule, elle nous trompe par sa clarté en apparence inotïensive et nous promet à de rapides atteintes de la fièvre typhoïde. La mort par la soif ou la mort par les bactéries, voilà en quelle condition sont réduits les Pari siens dans un ville où, par un singulier phénomène d’hydraulique les impôts augmentent en même temps que les fontaines décroissent. C'est la lamentation ordinaire à l’é té que de tous les mois d’août. Les ci tadins tor réfiés par le soleil et terrori ses par les avis de la Compagnie des eaux ne savent à quel liquide se vouer, e t pareils aux matelots d’Esménard dans le poème de la Navigation. Espèrent du ciel bleu la faveur d'un orage. L’orage vient, parce que tout arrive. Les chaleurs diminuent parce que tout finit, les réservoirs se remplissent, l’automne vient, puis l’hiver, et comme nos idées sont essentiellement subor données à nos nécessités, quand il tait froid, nous oublions nos griefs du temps où il taisait chaud. Devant le même thermomètre où nous exprimions nos colères d’être altérés quand le mercure montait à 34 degrés au-dessus de zéro, nous n’avons aucune souvenance de nos iudignationsquand le môme mer cure descend au lieu de s’élever. On s’inquiète de l’eau quand l’eau manque aux boissons rafraîchissantes. On ne se préoccupe nullement d’alimenter Paris de sources nouvelles quand l’eau devient glace et permet do patiner. L’administration, qui connaît à la fois et la sensibilité et la variabilité d’émotion de la population aux besoins de laquelle elle est censée pourvoir, ne prend donc qu’une vague émotion des récriminations légitimes dont elle est assaillie pendant les jours caniculaires. Elle sait qu’il lui suffit d’avoir un peu de patience et que ta plus simple ondée abattra les rancunes comme elle abat la poussière. Néanmoins les grands chels, par peur de recevoir des visites de délégués, visites où ils pourraient entendre des paroles désagréables, suppriment tout dialogue eu partant, soit pour la campagne, soit pour les bains de mer. Là-bas, ils attendent avec sérénité la clémence du temps et •'apaisement des mauvaises humeurs. Ils reviennent, ne sont plus molestés, et, l’an suivant, les mêmes inconvé nients renaissent, amenant les mêmes amertumes. Entre temps, ils ne se sou viennent de rien et leurs plus zélés ac cusateurs n’ont pas davantage de mé moire. De quoi se plaiut-ou ? Qu’est-ce que veut donc le peuple de Paris, et pour quoi se tache-t-il parce que, en môme temps qu’on ne lui laisse que ses yeux pour pleurer sur la décadence de sa ville, on ne lui donne pas môme de l’eau à boire. Ce. qui se passe est éminemment sa faute, et il est vraiment bien mal fondé à exiger aujourd’hui de ses représen tants l’indispensable canalisation d’eau qu’il ne réclame point d’eux à l’époque de la période électorale. Les conseil lers municipaux, contre lesquels il s’in surge aujourd’hui, platoniquement, sont les mômes qui, depuis dix ans,...
À propos
Fondé en 1881 par Charles Laurent, Paris fut d'abord un quotidien gambettiste, avant de devenir tout simplement opportuniste. En 1888, le journal attaque avec violence le Crédit Foncier, lequel le rachète immédiatement dans le seul but de le faire taire. À la suite de quoi le directeur du journal démissionne, pour fonder Le Jour. Le nouveau directeur Raoul Cavinet, d'une moralité douteuse, sera impliqué dans les années qui suivent dans plusieurs affaires de chantage et de fraude. Il abandonnera son poste, et le titre avec lui, en 1895.
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