Extrait du journal
Ne laissons point la famille Jérôme Bonaparte se disperser de nouveau, sans relever, dans les dépêches qui nous sont venues de Turin la semaine dernière, un fait caractéristique et décisif. Quelques amis avaient eu l’idée de profiter de la présence de toute cette famille aux obsèques du duc d’Aoste pour ménager un rapprochement entre le père et le fils, entre le vieillard désa busé, exilé, délaissé, humilié, qui vit à Frangins, et le jeune aiglon échappé qui réside à Bruxelles. 11 y a longtemps que la révolte du petit prétendant sans ressources, que d’étranges amis entretiennent pour qu’il essaie de chiper la couronne de Mon sieur son père, scandalise les braves gens. Pour peu que l’on transporte dans la politique la droiture et la dignité de la vie courante, on se demande comment un parti sérieux, composé de gens qui ont vu de près les affaires publiques et qui môme ont gouverné la France, a pu faire quelque fond sur un prince capa ble, non seulement d’entrer en compéti tion ouverte avec le chef de sa race (ce n’est là que péché véniel, pour peu qu’on soit altesse impériale ou royale !), mais aussi d’accepter pendant de longues années de vivre, dans quelque humi liant garni, delà charité périodique et abondante d’une demi-douzaine d’hom mes d’Etat qui pontenl sur lui. Notre époque, qui en a vu de drôles... et de tristes aussi, n’avait pas encore donné de place à une aventure pareille. Du premier coup, le prince Victor Bona parte a dépassé en élasticité de cons cience tout ce qu’on avait vu depuis très longtemps. Si encore il avait réussi! Il y a tant de gens aux yeux desquels le succès doit tout amnistier! Mais il a fallu bien vite en rabattre des illusions qu’on s’était faites, et l’aiglon, dont les ailes ont poussé, n’a pas l'air encore de pla ner! Alors, quelques-uns, timidement, se sont dit autour de lui que peut-être il faudrait changer de gamme et se rap procher tout doucement de ce père qu’on avait si durement... et si vaine ment quitté. La piété filiale a paru tout à coup à ces bonnes âmes la plus noble de toutes les vertus, et rien ne leur a semblé de voir entraver le retour attendrissant de...
À propos
Fondé en 1881 par Charles Laurent, Paris fut d'abord un quotidien gambettiste, avant de devenir tout simplement opportuniste. En 1888, le journal attaque avec violence le Crédit Foncier, lequel le rachète immédiatement dans le seul but de le faire taire. À la suite de quoi le directeur du journal démissionne, pour fonder Le Jour. Le nouveau directeur Raoul Cavinet, d'une moralité douteuse, sera impliqué dans les années qui suivent dans plusieurs affaires de chantage et de fraude. Il abandonnera son poste, et le titre avec lui, en 1895.
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