Extrait du journal

Le pays n’a peut-être pas indiqué très nettement, par les choix qu’ils a faits aux dernières élections, quelle politique particulière il voulait voir adopter par ses nouveaux députés; il a peut-être laissé planer bien des doutes sur des questions que l'on s’était habitué à con sidérer comme primordiales, et même il a complètement négligé de se prononcer sur des articles de programme dont il paraissait précédemment fort entiché ; — mais il y a deux indications qu'il a données avec une précision rigoureuse, avec un ensemble imposant : il a de mandé à ses élus de combattre et de refouler le parti boulangiste, et, d’autre part, il leur a recommandé par-dessus tout de réparer d’ici à la fin de la légis lature le mal que lui a fait l’article 11. Oui, c’est là, il n’en faut pas douter, le fond et le tréfond du programme de la majorité. Elle est animée d’une haine vigoureuse contre le parti qui a failli perdre la République et qui eût bien vite rallumé en France la guerre civile, et en outre elle est décidée à profiter des échéances qui vont se succéder jus qu'en 1892 pour mettre un terme à la longue duperie économique dont nous sommes victimes depuis 1871. Nous avons déjà maintes fois rappelé aux lecteurs du Paris quelle situation privilégiée résulte pour l’Allemagne, au détriment de la France, de ce fait que la puissance voisine jouit toujours du trai tement de la nation la plus favorisée par nous, alors que nous avons des trai tés de commerce qui justement accor dent des faveurs à des peuples amis, et alors que l’Allemagne, au contraire, vi vant sous le régime d’une rigoureuse protection, ne nous accorde rien en échange. Le pays de France en a assez de cette situation qui ruine son industrie et son commerce, et comme il ne lui est pas permis, présentement, de déchirer le traité de Francfort lui-même, il s’est dit que le meilleur moyen de conjurer les désastreux etîets de l’article 11, c’était de ne plus accorder aucun avantage à aucune nation étrangère, et de protéger sévèrement à son tour les produits indi gènes. Naturellement, cette idée très simple a fait vite son chemin, durant la dernière période électorale. Lancée d’abord dans un arrondissement de Paris, elle a rapi dement accompli son tour de France, et les députés actuels sont formellement chargés d’en assurer la réalisation. C’est donc la doctrine protectionniste qui momentanément l’emporte. Le libreéchange est dans le marasme. — On l’a bien vu hier à la Chambre, quand l’élec tion de la commission des douanes,...