Extrait du journal

Après Naquet, Jules Simon. Après le savant qui a voué sa vie à la défense d'une idée, à la poursuite d’une réforme sociale, le philosophe ennuyé, aigri, am bitieux et haineux, qui, mécontent de se voir écarté pour jamais du pouvoir, a pris à tâche de démontrer que rien sans lui ne saurait être ni le progrès, ni la justice, ni la liberté. Et quel talent il dépense pour cette oeuvre de rancune ! Avez-vous entendu le vieux Duprez fredonner une ariette ou dessiner avec ce qu’il lui reste de voix la prière de la Juive? Avez-vous entendu M. Jules Simon, sûr aussi de sa méthode, chanter le grand air de la liberté de conscience et soupirer la romance de la jeune mariée ? — C’est le même art, la même virtuosité : seulement, les larmes du vieux ténor enthousiaste sont mille lois plus sincères que celles du disciple de Cousin. Il fallait s’attendre à l’intervention du plus grand orateur de la droite sénato riale dans la discussion du divorce. Il y a beaux jours que l'apôtre de la Religion naturelle a compris qu’il ne pouvait, sans une conversion complète, recouvrer parmi les monarchistes l’autorité qu’il a perdue parmi les républicains. Il est condamué à s’opposer sans relâche à tout ce qui forme le programme de ceux qu’il a trahis après les avoir compromis. Il fait sa peine : les travaux forces de la tribune, à perpé tuité. Il la fait en conscience, et c’est vrai ment un forçat émérite. Ce n’est pas en vain que l’on a écrit le Devoir! Il nous apparaît bien, à nous, que tous les arguments ne sont pas de première fraîcheur , et qu’il y en a , dans la masse, do trop insignifiants; mais comme les sentiments traditionnels et vagues sont savamment exploités ! Com me l’émotion féminine est provoquée avec habileté, célérité et discrétion ! Ce tableau enivrant des premières joies du mariage ; cette cruelle peinture des premières désillusions et des décourage ments passagers ; cette reprise d’espoir,...