Extrait du journal

Le grand étau, de la législation départementale actuelle est de subordonner d'une façon absolue le Conseil général au préfet. Le décret du 25-30 mars 1852 sur la décentralisation administrative a mis au mains des préfets des pouvoirs étendus jusqu'alors réservés aux ministres; en déplaçant la décision de certaines affaires, il a courbé les Conseils généraux devant l’autorité qu'ils ont à contrôler toujours, à combattre quelquefois. Le préfet en son Conseil de préfecture est porté à s'assimil r à l'Empereur en son Conseil diktat, en même temps que l'assemblée départementale se voit réduite de plus en plus aux allures sans initiative du Corps législatif. Sans parler de l'inutilité d'un second pouvoir centralisateur, sans parler du danger qui peut naître de la multiplication d'agents no veaux condamnés à l’inconséquence ou à une agitation automatique et stérile, il reste aux Conseils généraux une infériorité irrémédiable. Traités quelquefois haut la main par des préfets qui renouvelleraient volontiers les traditions de Louis XIV, ils perdent chaque jour de l'importance parce qu'il se sentent sans initiative : leur irresponsabilité les fait descendre à l'apathie. Car ils n'ont pas comme le Corps législatif la ressource de faire des lois, une fois que le vote du budget a mis un terme à leur contrôle annuel de la gestion départementale....