Extrait du journal

Il est entendu, dans le monde universitaire et, d’une façon générale, dans le monde où l’on s’intéresse à l’évolution des idées, que la Grèce antique est la terre classique du rationalisme. Les philosophes y occupent une telle place qu’on n’y connaît guère qu’eux et leurs disciples. Or, c’est une question de savoir s’il n y a eu que cette Grèce et si les populations de « la terre aimée des dieux » n ont pas connu les plus basses superstitions qui ont tourmenté et affligé le reste de l’humanité. Platon, avec son noble idéalisme, Socrate, avec sa critique souriante, Aristote, avec son ferme intellectualisme, le Portique, avec sa fierté morale, y ont-ils été les seuls exemplaires de cette race qu’il vaille la peine d étudier et dont il faille tenir compte ? On comprend aisément comment les choses se sont passées. Ces œuvres littéraires auxquelles nous venons de faire allusion ont très vite attiré et retenu tout 1 attention des historiens. Mais, au fond, elles provenaient d une élite et s’adressaient à une élite ; à côté de cette...