Extrait du journal

noble, quoique digne d’indulgence. Je confesse que les hommes, les femmes, les jeunes filles, même les gosses que je vois se trémousser autour de moi me semblent fous. V'oulezvous, cher monsieur, faire une fortune rapide ? Abandonnez donc l’ingrat métier d’écrivain respectueux des lettres et des mœurs. Jetez ce qui peut subsister de votre patrimoine dans une entreprise de danse. Louez une salle. Décorez-.a dans ce goût bien français, qui nous vient de Munich en passant par l’Amérique. Engagez un orchestre, un bon maître d hôtel, et, pour entraîner la salle, une ou deux professionnelles du boxtrotté. Recommandez à celles-ci de se vêtir de velours noir et d’observer la tenue la plus correcte car il ne faut point quelles elles portent ombrage aux vraies mondaines, a qui appartient le monopole des robes audacieuses et des attitudes extravagantes. Tenez, mon ami, car je sens grandir, tandis que vous m’écoutez, la sympathie que nous ressentons 1 un pour 1 autre et vous ne vous offenserez point de cette appellation familière, tenez, je voyais hier l’un de mes frères, qui est médecin et que sa spécialité appelle à soigner des comédiennes. Nez, gorge, druides : il badigeonne les cordes vocales de ces dames et, quand leur voix n’est pas entièrement fêlée, elles lui racontent mille choses, d’ordinaire fort amusantes. II paraît qu un de leurs étonnements est de voir les femmes qui se disent du monde et qui appartiennent, en effet, à une classe sociale qui passait jusqu’ici pour honnête, se livrer avec une frénésie maladive à tous les exercices dont les professionnelles, au con-...