Extrait du journal

Un fait néanmoins parait certain : c'est qu'on se dispute en ce moment l'amitié de la France. La réception des marins français à Cowes, à Portsmouth et à Londres vient de dépasser en éclat et en enthousiasme tout ce que les imaginations les plus anglophones avaient pu concevoir. Même les acclamations dont nous avons accueilli, au mois de juillet, les marins anglais à Brest, paraissent bien froides et bien officielles à côté — je copie le style des agences — des hurlements de joie et des trépignements d'allégresse de nos nouveaux amis d'Outre-Manche. La participation personnelle du roi Edouard aux fêtes, le luxe fantastique des cérémonies, le pavoisèrent tapageur des rues, la liesse des racks, l'émotion communicative des misses, les flatteries officieuses d’une presse hier encore hostile, la cordialité plus qu'affectueuse des toasts, enfin, les démonstrations exubérances de tous ces lords d'ordinaire si compassés, tout cela prouve bien que nos voisins ont besoin de nous. Nos bons pacifistes assurent rive c'est de l'amitié, que dis-je, de l'amour. Soyons plus circonspects, et...