Extrait du journal

A présent que la commission criminelle a rendu son arrêt, nous voudrions dire à notre tour ce que nous pensons de ce complot, de ce fameux complot qui, plusieurs mois durant, fit couler tant d encre dans la presse indochinoise. Tout d'abord, il nous semble que si on l’examine de près, on découvre dans cette grave affaire beaucoup, beaucoup d’enfantillages. Ce dont il n y a pas lieu de s’étonner d’ailleurs, si l'on considère l’âge de la plupart des conjurés. En somme, on pourrait appeler ce com plot « I.H COMPLOT DES MOINS DE TRENTE ANS B. A cet àge-là — c'est vrai pour tous les pays et pour toutes les époques (quel âge avaient donc Harnudins et Aristigoton ?j —, on aime à jouer aux conspirateurs. Il y a tellement d’attraits pour les jeunes gens dans ce jeu-là : la sensation enivrante du danger, le pi quant du mystère, le plaisir de tro nper la vigilance du gendarme et de fronder la loi, l’illusion d’être un héros, un novateur, la gloriole de pouvoir se dire qu’on peut être demain un martyr et combien d’autres choses encore qui séduisent et attirent des esprits jeunes et aventureux. Ce n'est qu’après, quand on se réveille sur la planche dure du cachot, qu’on s’aperçoit que ce jeu n’était pas tout à fait une amusette. A ce moment-là, les plus orgueilleux ou les plus convaincus continuent à plastronner, à vouloir jouer la règle du jeu jusqu’au bout, mais les autres — et ceux-là presque toujours les plus nom breux — les faibles, les étourdis, les simples suiveurs, se sentent ter rassé» par le regret et le remords et, le jour du prooès, prennent une...