Extrait du journal

Un journal annamite du Fonkin vient de se voir retirer l’autorisation de paraître pour le motif suivant : Son directeur avait soumis à la censure un article dans lequel cette dernière crut devoir supprimer certaines phrases qui, empressons-nous de le dire, n’avaient pas un caractère politique Notre con frère, qui tenait sans doute beaucoup à ce que son article parût intégralement, fit faire deux tirages de son journal, l’un où les phrases censurées subsistaient, et l’autre où celles-ci étaient enlevées. Il fit mettre en vente sur la voie publi que ces deux éditions, mais il ne fit le dépôt légal que de celle-là seule qui se trouvait en règle avec la censure. L’administration fut informée de cette I fraude, un des numéros illicites tomba entre ses mains, le service judiciaire lui-même se plaignit, et le journal fut supprimé. On peut estimer que cette sanction fut trop rude. D’aucuns l’on dit. Dura lex, sed lex. A nous non plus il n’est pas toujours très agréable d’être obligé de nous soumettre aux exigences de la «dame aux ciseaux », mais, tant que celle-ci existera, ne vaut il pas mieux s’incliner devant ses volontés? Notre confrère n’avait probablement pas réfléchi aux graves conséquences qu’aurait pour lui la ruse qu’il avait imaginé d’employer. On ne gagne jamais à chercher à ruser avec la loi, ni avec ceux qui sont chargés de la faire appliquer. Enfin, voici la censure encore une fois sur la sellette. On dit du reste qu elle va bientôt être supprimée. Encore qu elle ne fut jamais pour nous, personnellement, bien gênante, nous ne pleurerons pas sa disparition. Mais nous nous demandons si celle-ci sera bien avantageuse pour les directeurs des journaux annamites. Sous le régime actuel de la presse indigène, la...