Extrait du journal

Le prix du riz a plus que doublé depuis l'année dernière, tout ren chérit, et les ouvriers, dont les salaires étaient déjà des salaires de misère, voient la vie devenir de plus en plus difficile pour eux. Et comme ils sa vent qu’à présent l’Administration est disposée à intervenir en leur faveur quand les revendications qu ils présentent sont justes et qu elle ne considère plus la cessation collective du travail comme une infraction à l’ordre pu blic, les grèves se multiplient. Ce fut d abord celle des mineurs de Hongay, à laquelle participèrent des milliers d'ouvriers. Rapidement et heureusement terminée, grâce, il faut le dire, à une habile et ferme entremise de l’autorité administrative, qui sut concilier dans un esprit de justice sociale les intérêts opposés des deux parties en cause, elle a été suivie depuis par d’autres, qui ont éclaté ça et là au Tonkin, ayant chacune une bien moindre envergure, certes, que la première, dans des corps de métier les plus divers, et où ce n’était plus seulement des employeurs européens qui se trouvaient en conflit avec leur personnel ouvrier indigène, mais des employeurs indigènes. Ce qui confir me, par parenthèse, la prédiction que nous avons faite dans cette revue. Nos lecteurs se souviennent que nous leur avons dit que lorsque les reven dications sociales pourront s’exercer librement ici, on verra, et parce que les rapports du travail, dans l’immense majorité des cas, s’effectuent entre indigènes, les conflits les plus fréquents se produire entre patrons et ou vriers indigènes. Nous ne nous lamenterons pas sur ces grèves. Assurément, il vau drait mieux que les travailleurs ne fussent jamais obligés de recourir à cette...