Extrait du journal

Tout le monde y vient à cette formule. Ainsi voici M. Jacques Danior qui, dans la Tribune Indochinoise du 18 mai, la reprend pour son compte, en lui donnant cet excellent dévelop pement : « Nous avons salué, écrit-il, avec satisfaction les tendances nouvelles de l'élite indigène : les problèmes économiques qui intéressent si directement sa vie présente semblent de plus en plus absorber son attention et nous nous en félicitons comme d’un gain précieux et inattendu que lui aura procuré la crise actuelle pour le plus grand profit de son esprit par trop confiné jusqu’ici dans des spéculations d’ordre littéraire ou vaguement philosophique. Ça ne nourrit pas toujours son homme et les plus évolués de nos amis annamites s’en sont déjà peut-être rendu compte. Le « politique d abord » peut convenir à de grandes nations intellectuellement outillées en vue d’une participation à la direction des affaires mondiales. Ce n’est évidemment pas le cas du peuple annamite, qui naît à peine à la vie moderne. La crise qu’il traverse lui a fait comprendre combien il serait prématuré de donner le meilleur de son effort à des revendications exclusivement politiques. Primum viverc. « Cette heureuse tendance, vous le verrez, nous vaudra pour 1 avenir des générations de bons commerçants, d’habiles industriels, dressés à l’organisation technique des affaires, au sens des responsabilités et au respect des engagements, condition essentielle du crédit moral et de la confiance. Alors les Chinois ne rouleront plus les Annamites ; ce sont les Annamites qui rouleront les Chinois, tout en gardant leur vieille maîtrise dans les « affaires de terre et les billets de dettes »......