Extrait du journal

Ces paroles nous rappellent fâcheusement celles que les Jefferson, les Monroë, les Wilson et les Roosevelt nous ont prodiguées depuis plus d’un siècle. De grâce, général, abstenezvous de jouer les directeurs de conscience ! Nous respectons votre valeur militaire et ne doutons pas que, sur le plan économique, nous ayons beaucoup à apprendre du pays que vous représentez. Mais quant à Vintégration que vous voudriez édifier sur les ruines de notre histoire, de nos langues et de nos traditions, nous la repoussons de toutes nos forces. Il n'est pas jusqu’aux « préjugés » — voyez-vous — sur lesquels nous ne craignons d’être en désaccord : ceux qui vous paraissent les plus stupides risquent fort d’être ceux auxquels nous tenons le plus... Oh ! ce n'est pas que nous ne reconnaissions les ravages provoqués par la persistance de haines anachroniques et d'antagonismes entretenus par les diviseras professionnels. Mais, précisément, vous avez lié partie naguère avec ceux qui, dans un camp ou dans l'autre, avaient juré la perte de toute « idée européenne » sincère et constructive. Si notre continent en est réduit à l’état de pauvreté et de marasme, dont vous vous alarmez à juste titre, c’est parce que vous avez accordé l'appui inconditionnel de votre industrie et de vos armes aux hommes et aux puissances les plus hostiles à la réalisation d’un équilibre européen....