"Mon cher journal..."
Le courrier des lecteurs tient un rôle essentiel depuis l'avènement de la presse moderne. Reflet des préoccupations de son époque, c'est aussi le témoin de l'évolution du statut du "lecteur-citoyen".
Vous en avez forcément lues, peut-être en avez-vous même déjà écrit, de ces lettres enflammées, critiques, drôles, savantes et parfois virulentes qu'envoient les lecteurs à leurs journaux.
Le courrier des lecteurs tel qu'on le connaît toujours aujourd'hui s’impose au moment où paraissent les derniers volumes de l’Encyclopédie de Diderot et d'Alembert. Le savoir se démocratise et la presse, en plein essor, est l’un de ses plus puissants vecteurs. Les techniques d’impression et les possibilités d’acheminer les journaux dans toute la France s'améliorent au cours du siècle. Surtout, les lois scolaires, votées entre 1880 et 1886, et l'instauration du régime républicain après la chute du second Empire élargissent considérablement le public potentiel de la presse. Le lectorat s'étend à de nouvelles couches sociales, la petite bourgeoisie puis les milieux populaires. C’est l’âge d’or de la presse française. A Paris, le tirage global des quotidiens passe de 36 000 exemplaires en 1800 à 150 000 en 1845, puis à près de 1 million dans les années 1860.
Pour fidéliser leurs lecteurs, les journaux les appellent à réagir. Le lecteur devient une "voix" : il commente les faits divers, oriente l’intrigue des romans-feuilletons, critique les oeuvres.
Dans les années 30, le quotidien Le Journal donne par exemple la parole à ses lecteurs chaque semaine dans la page Cinéma. La rubrique connait dès ses d...
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