Généalogie

Étirez les branches de votre arbre généalogique grâce à RetroNews !

le 13/11/2024 par Tony Neulat
le 13/11/2024 par Tony Neulat - modifié le 13/11/2024

La presse ancienne regorge d’informations nominatives et biographiques pour compléter et enrichir son arbre généalogique. Elle permet également d’orienter efficacement les recherches dans les registres classiques, voire de pallier leur absence, comme l’illustre cette nouvelle enquête.

En cette période de la Toussaint, propice aux visites de cimetières et au recueillement sur les tombes, entamons notre enquête à partir d’éléments de départ très minces : ceux d’une inscription funéraire. En effet, une plaque mortuaire, déposée au cimetière de Villequiers dans le Cher, a attiré mon attention par sa calligraphie soignée. Elle précise :

Ici repose Joséphine BUTTE, épouse de Antoine Dézalis née le 24 août 1843 décédée le 6 juillet 1925. Priez pour elle. 

Qui était Joséphine ? A-t-elle eu des enfants ? A-t-elle encore des descendants vivants ? Explorons le passé afin de répondre à ces questions, avec comme ligne de mire la reconstitution de son arbre généalogique descendant.

Quelques brèves recherches dans des bases de données généalogiques permettent de recueillir les éléments suivants. Antoine Dézalis et Joséphine Butte se sont mariés en 1864 et ont eu au moins 4 enfants à Villequiers :

  • Louis Elie, né en 1866 et décédé en 1918 à Paris, marié en 1893 à Paris avec Anne Marie Laviollette ;
  • Antoine Claude, né en 1870 et décédé en 1949 à Villequiers, marié en 1899 à Villequiers avec Louise Solange Thébault, avec qui il a eu une fille, Georgette (1899-1976).
  • Jean Eugène, né en 1875 et marié en 1902 à Vierzon-Villages avec Marie Anna Quin ;
  • Armand René, né en 1878 et décédé en 1964 à Bourges, marié en 1909 à Bourges avec Marie Bidault.

Plongeons à présent dans les journaux de l’époque en quête de compléments d’informations. Le nom de famille Dézalis étant très rare, la recherche simple s’avère suffisante en première approche. La saisie du terme Dézalis ne renvoie « que » 155 résultats, que nous nous empressons de trier par date croissante à l’aide du menu déroulant situé au-dessus des vignettes de résultats. Les premiers articles concernent principalement une famille de boulangers qui mériterait notre attention… mais restons concentrés. Le premier résultat relatif à notre étude apparaît dans La Dépêche du Berry du 18 mai 1902 :

Vierzon-Villages

Mariages

Jean Eugène Dézalis 27 ans, homme d’équipe et Anna Marie Quin, 26 ans s. p. [ndlr : sans profession] à Vierzon-Villages. 

Les naissances de leurs enfants s’égrènent au fil des années et des journaux, et l’on y découvre, ce faisant, que le couple réside rue du Châtaignier à Vierzon-Villages :

On notera avec quelle facilité et rapidité nous avons collecté des informations essentielles pour poursuivre les recherches dans les registres classiques :

  • les mois, année et lieu de naissance de chaque enfant pour accéder directement à leur acte de naissance ;
  • une adresse précise permettant d’accélérer considérablement la découverte du foyer dans les recensements.

Le mariage d’Armand René Dézalis est également signalé dans la presse et en particulier dans L’Indépendant du Cher, L’Émancipateur et La Dépêche du Berry du 18 juillet 1909 :

Armand-René Dézalis, employé de commerce à Paris et Marie Bidault, s. p. à Bourges.

L’avis de décès de son beau-père, paru le 21 avril 1918 dans le Journal du Cher et La Dépêche du Berry nous révèle qu’il est alors mobilisé pour la Grande Guerre. Si l’on s’intéressait à la famille de sa femme, on trouverait sans peine l’avis de décès de sa belle-mère en 1931, les publications de mariage de sa belle-sœur Julie en 1898, les publications de mariage de sa nièce en 1925 et son divorce en 1935, la naissance de son petit-neveu en 1926, etc. Mais là n’est pas notre propos. Armand Dézalis et sa femme ne semblent pas avoir eu d’enfants d’après ces deux avis de décès. Par ailleurs, deux lignes anodines nous révèlent l’adresse du couple à Paris en 1921 et 1924 : 99 rue de la Verrerie. La première mention est une offre d’emploi parue dans L’Intransigeant du 24 avril 1921 et la seconde les résultats d’un concours organisé par le journal Le Matin, parus le 22 février 1924. Moralité : il n’est point de mention insignifiante dans la presse ancienne !

La Dépêche du Berry du 16 août 1919 relate une anecdote amusante à propos de Jeanne Hélène Dézalis. Alors employée dans la bibliothèque située place d’Armes, elle fournit, sans le savoir, une pièce à conviction dans un vol survenu quelques jours plus tôt :

Le même journal nous révèle son mariage dans son numéro du 31 janvier 1925 :

Vierzon-Villages

du 21 au 28 janvier 1925

Mariages. – Georges-Albert Chausset, journalier à Vierzon-Villages et Jeanne-Hélène Dézalis, s. p. à Vierzon-Villages. 

Ce mariage ne sera pas très heureux comme l’indique La Dépêche du Berry du 10 avril 1931 :

Sa grande sœur, Madeleine Anna se marie deux ans plus tard, comme le relaient le Journal du Cher du 8 avril 1927  et La Dépêche du Berry du 9 du même mois :

Vierzon-Villages

Du 31 mars au 6 avril 1927

Publications.

Emile Gerbaud, représentant de commerce à Vierzon-Ville et Madeleine Anna Dezalis, s. p. à Vierzon Villages. 

Quant à leur frère Louis, il s’illustre en gymnastique à un niveau départemental. Membre de L’Avant-Garde, la société de gymnastique de Vierzon-Villages, il participe avec brio à différents concours de 1926 à 1931 comme l’attestent divers journaux : le Journal du Cher du 29 juillet 1926, La Dépêche du Berry du 6 septembre 1928, Centre-Express du 6 septembre 1928, La Dépêche du Berry du 1er août 1929, La Dépêche du Berry du 22 juin 1931. Il se marie en octobre 1932 avec Marie-Lucia Xénès, d’Ourouër-les-Bourdelins (Cher), comme en témoigne La Dépêche du Berry du 8 octobre 1932.

Le couple réside à Vierzon-Villages, au 23 rue Jules Guesde, et a au moins 4 enfants comme nous le révèlent les journaux de l’époque :

Enfin, Louis est cité comme moniteur de gymnastique de L’Eglantine vierzonnaise en 1947 (L’Émancipateur du 7 février 1947 et 1948 (L’Émancipateur du 15 janvier 1948), puis comme trésorier de l’association en 1952 (L’Émancipateur du 9 octobre 1952), aux côtés de sa fille Louisette qui est secrétaire adjointe.

En poursuivant la consultation des résultats proposés, La Dépêche du Berry du 14 juin 1930 nous interpelle car elle nous alerte sur l’existence d’un certain Elie Armand Dézalis :

Vierzon-Villages

du 4 au 10 juin 1930

Mariages.

Elie-Armand Dézalis, électricien à Vierzon-Villages et Jeanne Sallé, mécanicienne à Vierzon-Villages.

Il suffit de rechercher les termes « Elie Armand Naissances Vierzon » dans le même paragraphe (critère de la recherche avancée réservée aux abonnés), pour retrouver en deux clics la publication de sa naissance, le 19 janvier 1907 dans L’Émancipateur  et confirmer qu’il est bien un enfant du couple Jean Eugène et Marie Anna Quin. Cet événement nous avait tout simplement échappé car son nom de famille est orthographié « Dezali ». Note pour plus tard : relancer les recherches en recourant aux variantes orthographiques possibles du patronyme.

Deux enfants d’Elie Armand sont attestés dans les journaux de l’époque :

Quant à la dernière des enfants de Jean Eugène Dézalis, Yvonne Marguerite, elle épouse Pierre Philippe Toyot, un musicien de Vierzon-Ville, en juillet 1931 comme le dévoile La Dépêche du Berry du 18 juillet 1931. Le même journal nous informe que le couple acquiert en mars 1943 « le fonds de commerce de cafetier – limonadier – ciné – dancing – théâtre, dénommé « Les Arts », sis à Vierzon, place de la Croix-Blanche » :

N’est-ce pas merveilleux ? Aussi incroyable que cela puisse paraître, la simple saisie du seul mot « Dézalis » dans le moteur de recherche de RetroNews nous a donné accès à des dizaines de coupures de journaux sur cette famille. Les nombreuses mentions d’état civil (publications de naissance et de mariage, avis de décès, divorces) nous ont permis, non seulement de reconstituer l’arbre généalogique descendant de Joséphine Butte et de son mari sur quatre générations jusqu’en 1940, mais également de collecter les éléments de départ indispensables pour poursuivre les recherches généalogiques classiques dans les registres d’état civil, les recensements et le fichier des décès de l’INSEE. En outre, une multitude d’informations complémentaires nous ont été révélées au fil des articles : adresses précises, professions, participation à la Grande Guerre, anecdotes, concours sportifs, acquisition de fonds de commerce, implication associative, etc.

Et malgré cette formidable moisson, l’enquête n’est pas terminée ! Il suffit d’élargir les recherches à de nouveaux mots-clés tels que « Gerbaud Vierzon », « Toyot », « Chausset », « Dezaly », etc., pour engranger une nouvelle moisson d’articles de presse.

Citons notamment, au sein de la famille Toyot :

La famille Gerbaud n’est pas en reste avec :

En effet, la ville de Vierzon acquiert, par acte reçu le 25 mai 1932 par Me Julien Sellier, notaire à Vierzon, la propriété détenue précédemment par Émile Gerbaud et sa femme, beaux-parents de Madeleine Anna Dézalis. Cette transaction et la purge d’hypothèques associée sont notifiées dans La Dépêche du Berry du 17 juillet 1932 et du 26 août 1933 :

Ces annonces légales constituent de véritables pépites généalogiques puisqu’elles révèlent à la fois la composition précise de la famille et la nature détaillée des biens cédés. On apprend ainsi que la propriété familiale est vendue pour 280 000 francs, ce qui revient, d’après le convertisseur de l’INSEE, à la coquette somme de 21,8 millions d’euros ! Voici la description qui en est établie :

Une propriété, située à Vierzon, quartier du Château-de-la-Poterie et rue de la Montagne, connue sous le nom d’Ancien Tivoli, comprenant :

Différents corps de bâtiments à usage d’habitation, élevés partie sur cave et partie sur terre-plein de rez-de-chaussée, premier étage avec grenier couvert en tuiles et ardoises.

Deux cours dont l’une au nord donne accès à la rue de la Poterie et est commune pour une petite partie avec la ville de Vierzon, et l’autre située au midi dans laquelle se trouve un puits.

Jardin et terrain à la suite desdits bâtiments et de la deuxième cour.

Le tout d’un seul ensemble et d’une contenance totale de 25 ares environ ; tient : du levant, la rue de la Montagne et le jardin de M. Richetin, mur entre, dépendant de la propriété vendue ; du midi, M. Richetin avec mur appartenant à ladite propriété ; du couchant, la ville de Vierzon avec mur mitoyen pour partie, et au nord, la rue de la Poterie et la ville de Vierzon, et une partie de cour commune avec la ville. 

Divers articles de La Dépêche du Berry font référence à cette acquisition et nous informent de l’ambition de la mairie : le 30 janvier 1933, le 2 avril 1933le 11 mars 1934 et le 2 mai 1936.

Ainsi se conclut, sinon cette enquête, du moins cette publication. Elle illustre une nouvelle fois les formidables richesses de RetroNews, que ce soit pour reconstituer un arbre généalogique, pour collecter rapidement les dates et les lieux préalables à toute investigation dans les registres, pour recueillir des éléments biographiques ou encore pour reconstituer l’histoire d’un bâtiment.

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Passionné de généalogie depuis l’âge de douze ans, Tony Neulat est rédacteur dans La Revue française de généalogie et membre de la European Academy of Genealogy. Il partage, depuis 2009, son expérience et ses conseils à travers ses publications et ses formations. Il est également auteur des guides Gallica et RetroNews : deux eldorados généalogiques, Retrouvez et identifiez toutes vos photos de famille, Retrouver ses ancêtres à Malte et Trouver des cousins inconnus ou perdus de vue.