L'Everest, sanglant sommet
La réouverture de l'Everest est controversée en raison des dangers que comporte son ascension. Parmi ses nombreuses victimes, le Toit du monde compte l'alpiniste légendaire George Mallory, membre de la première expédition de 1921.
Depuis la réouverture de la saison de l'Everest il y a deux semaines, on compte déjà trois alpinistes étrangers morts après avoir atteint le Toit du monde (situé entre le Népal et la Chine), et deux grimpeurs portés disparus.
Ces tristes événements ne sont hélas pas les premiers à survenir durant l'ascension de ce sommet, réputé l'un des plus difficiles du monde. Si difficile qu'il a fallu attendre 1953 pour que Tensing Norgay et Edmund Hillary parviennent au sommet (8 848 m). Mais les tentatives qui ont précédé cette victoire ont été nombreuses.
Financée par la Royal Geographical Society britannique, la première expédition date de 1921. Elle se donne pour but de cartographier la montagne et de repérer un itinéraire vers le sommet. Le numéro de La Croix du 21 octobre la mentionne et publie une photo des grimpeurs :
"Une dépêche du général Howard Bury, directeur de l'expédition partie à l’assaut du mont Everest (Thibet), annonce qu'une voie d’accès au mont Everest a été découverte sur le versant oriental de la montagne. L’expédition, partie de Darjeeling le 18 mai, atteignit Tingri Dzong, dans le Thibet, au nord-ouest du mont Everest et y installa sa base principale. Les reconnaissances commencèrent le 23 juin et continuèrent sans succès jusque vers la fin de juillet. On acquit la conviction que l’Everest est impraticable par le versant nord-ouest à cause des formidables parois qui s’y trouvent. C’est ce que purent constater MM. Mallory et Bulloek qui le 3 juillet, atteignaient une sommité de 7 600 mètres dans cette région."
Le M. Mallory en question (George de son prénom) est un alpiniste chevronné qui participera à une seconde expédition en 1922, qui atteindra la hauteur record de 8 320 mètres, et au cours de laquelle une avalanche emportera sept sherpas. Puis à une troisième, en 1924. Ce fut la dernière : il disparut lors de l'ascension d'un des ressauts de la côte nord. Son corps ne fut retrouvé que 75 ans plus tard ; on ne sait pas s'il a réussi à atteindre le sommet ou non.
Lors d'une interview donnée en 1923, un journaliste du New York Times lui avait demandé pourquoi il souhaitait tant escalader l'Everest. Sa réponse, en quatre mots, est la phrase plus célèbre de toute l'histoire de l'alpinisme : « Because it's there » (Parce qu'il est là).