Austerlitz : la gloire de Napoléon
La bataille d'Austerlitz, en 1805, vit les forces napoléoniennes défaire avec maestria l'armée austro-russe, pourtant supérieure en nombre.
C'est le lundi 2 décembre 1805 qu'eut lieu, dans le sud de la Moravie (aujourd'hui, en République tchèque), cette bataille qui opposa la Grande Armée aux forces austro-russes de François II du Saint-Empire et d'Alexandre Ier. Considérée comme le chef-d'œuvre tactique de Napoléon, elle est aujourd'hui encore enseignée dans les écoles militaires : en effet, le chef de l'armée française put choisir le terrain, y amener l'ennemi et lui imposer son plan.
Le 17 décembre 1805, Le Journal de l'Empire, alors le journal le plus diffusé de la presse parisienne, fait un compte-rendu complet de la bataille. Il commence par détailler les préparatifs de Napoléon. Le plan de ce dernier, convaincu que "la présomption, l'imprudence et l'inconsidération régneraient dans les décisions du cabinet militaire, comme elles avaient régné dans celles du cabinet politique", consiste à faire croire à l'ennemi que les forces françaises sont insuffisantes pour vaincre. Il s'y emploie par de nombreuses ruses.
La veille du combat, rapporte le journal, il s'adresse ainsi à ses officiers :
"Voilà la plus belle soirée de ma vie ; mais je regrette de penser que je perdrai bon nombre de ces braves gens. Je sens au mal que cela me fait qu'ils sont véritablement mes enfants et, en vérité, je me reproche quelquefois ce sentiment car je crains qu'il ne finisse par me rendre inhabile à faire la guerre."
Puis, le matin du 11 frimaire, "une des plus belles journées de l'automne", qui est aussi la date anniversaire du couronnement de l'Empereur, c'est la bataille. L'ennemi fonce dans le piège de Napoléon, sans attendre les renforts du sud.
"Le prince Murat s'ébranle avec sa cavalerie. La gauche, commandée par le maréchal Lannes, marche en échelons par régiments comme à l'exercice. Une canonnade épouvantable s'engage sur toute la ligne : 200 pièces de canon et près de 200 000 hommes faisaient un bruit affreux ; c'était un véritable combat de géants. Il n'y avait pas une heure qu'on se battait, et toute la gauche de l'ennemi était coupée."
Malgré son infériorité numérique, l'armée napoléonienne remporte une victoire éclatante, qui assoit pour de bon la légitimité de l'Empereur. Le compte-rendu du Journal de l'Empire, clément envers les vaincus, s'achève par une adresse à l'Angleterre, jugée responsable de la guerre. C'est elle, en effet, qui est à l'origine de la coalition anti-française :
"Il faudra trois jours pour que tous les blessés ennemis soient évacués sur Brünn. Le cœur saigne. Puisse tant de sang versé, puissent tant de malheurs retomber enfin sur les perfides insulaires qui en sont la cause ! Puissent les lâches olygarques de Londres porter la peine de tant de maux !"