14-18 : Les journaux en guerre
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L'actualité de la première guerre mondiale en 10 grandes dates et 10 journaux publiés entre 1914 et 1918. Une collection de journaux réimprimés en intégralité.
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Première bataille menée conjointement avec les troupes américaines, la fulgurante contre-offensive de Château-Thierry permet aux Alliés de remporter la seconde bataille de la Marne. Cette victoire est considérée comme un tournant capital de la Première Guerre mondiale.
Juillet 1918. Le Nord-Est de la France est le théâtre de la Seconde bataille de la Marne, série d'offensives allemandes et de contre-offensives alliées qui a débuté le 27 mai.
Les troupes allemandes se sont emparées de nombreuses localités, tandis que les pertes subies par les troupes alliées engagées dans les combats sont colossales.
De nouveau, depuis septembre 1914, Paris est doublement menacée par les avancées allemandes : par la vallée de l'Oise au nord, et par les vallées de l'Ourcq et de la Marne à l'est.
Le 15 juillet 1918, les Allemands lancent ce qui sera leur dernière grande offensive sur le front occidental. Trois jours plus tard, le 18 juillet, les alliés ripostent par une fulgurante contre-offensive sous la direction du Général en chef des Armées Alliés, Ferdinand Foch.
À 4h30, les Allemands sont pris par surprise dans le secteur de Château-Thierry : aucun bombardement préliminaire n’a lieu, comme c’est alors la coutume, mais un intense feu roulant oblige les troupes ennemies à battre retraite dans la précipitation et la désorganisation.
La presse française publie « l’émouvant récit d’un pilote d’avion » qui survolait la zone de Château-Thierry au moment de la contre-offensive :
« Derrière le feu roulant de nos barrages d'artillerie, les capotes bleues courent, courent très vite en avant. Je marche à 160 kilomètres à l'heure. Le bruit de mon moteur est assourdissant. Cependant j'entends le roulement de l'artillerie et le crépitement de la fusillade.
Je vois s'avancer nos tanks zigzaguant et crachant le feu. En voici un qui prend feu, atteint par un obus allemand, puis un second, puis un troisième. Mais d'autres surgissent, cahotant, zigzaguant, crachant le feu aussi. [...]
Les premiers objectifs sont atteints, les Boches surpris, s'enfuient. J'en vois lever les bras, d'autres qui courent affolés. Quelques batteries ennemies tirent, d'autres très submergées par notre flot sont maintenant entre nos mains. »
La bataille de Château-Thierry est l'une des premières menées conjointement avec les troupes américaines dirigées par le général Pershing. Sur le terrain, cette aide est un immense soulagement.
Le pilote poursuit ainsi son récit :
« Je descends et passe en trombe, frôlant presque les têtes : ce sont les Américains ! Les braves gens ! Comme ils vont !
J'en vois tomber aussi et je vois fuir les Deutsch, comme ils appellent les Boches, (They ran like dogs. “Ils couraient comme les chiens”, me dira le soir à l'ambulance un Américain blessé à la cuisse par une balle de mitrailleuse. »
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Cette victoire décisive permet aux Alliés de remporter la seconde bataille de la Marne, qui s’achève le 6 août. Une fois de plus, Paris est sauvée.
Le lendemain, 7 août, le général Foch est nommé maréchal de France. Le décret de nomination dresse le bilan de cette bataille victorieuse :
« ... Paris dégagé, Soissons et Château-Thierry reconquis de haute lutte, plus de 200 villages délivrés, 35 000 prisonniers allemands, 700 canons allemands capturés, 3 300 mitrailleuses allemandes capturées, les espoirs hautement proclamés par l’ennemi avant son attaque écroulés [...]. »
Une victoire d'autant plus remarquable que les Allemands étaient alors en position de force. Début août, l’académicien Maurice Barrès prend la plume dans L’Écho de Paris pour donner à cette bataille décisive sa « pleine valeur » :
« Cette résistance de l'ennemi donne à la seconde bataille de la Marne sa signification propre et sa pleine valeur.
L'offensive française du 18 juillet ne ressemble en rien aux offensives allemandes du 21 mars et du 27 mai. [...]
Qu'est-il advenu au 18 juillet ? Sur le terrain de combat, l'Allemagne avait amassé une armée formidable, toutes ses unités d'élite, appuyées par un matériel d'une puissance énorme.
Elle s'est précipitée sur la Marne pour déborder les défenseurs de Paris et pour menacer, pour atteindre ultérieurement la capitale. C'est à cet adversaire en pleine force, en plein élan que se sont attaquées nos troupes le 18 juillet.
Il ne s'agit pas alors d'une surprise, mais d'une énorme bataille entre adversaires de forces égales. Dès le premier jour nous l'avons nettement emporté.
Depuis lors, avec une fureur admirable, nos soldats n'ont pas cessé de repousser et de battre le Boche, chaque jour davantage. [...]
Comment les soldats ennemis ne reconnaîtraient-ils pas la valeur et la puissance d'adversaires qui les ont terrassés, alors qu'eux-mêmes étaient à l'apogée de leurs forces ?
La portée de la victoire française se mesure par la gravité de la déception dont témoigne la nation allemande, et elle se mesure aussi au retentissement qu'elle a obtenu dans le monde entier. »
Après la guerre, les autorités américaines feront construire un grand monument commémoratif dans la région de Château-Thierry en hommage aux soldats américains tombés pendant la guerre. On peut y lire :
« Le temps ne ternira pas la gloire de leurs exploits »