La naissance du Tour de France en 1903
Le Tour de France est né en 1903. Cette épreuve sportive est devenue un événement national puis mondial. Célèbre pour son maillot jaune (depuis 1919), renvoyant à la couleur du journal l’auto qui en a été le promoteur, il reflète le développement du sport-spectacle.
Le premier Tour de France en 1903
Le Tour de France a été créé en 1903 par Henri Desgrange, associé à Victor Goddet et Géo Lefèvre. Il s’est déroulé entre le 1er et le 19 juillet et rassembla 60 concurrents. Maurice Garin en fut le premier vainqueur, déjà vainqueur de nombreuses épreuves cyclistes.
Le premier parcours en 1903 relie en 6 étapes Montgeron, Lyon, Marseille, Toulouse, Bordeaux, Nantes et Paris, soit 2428 km. La route se fait le plus souvent de nuit pour éviter les grandes chaleurs, sans assistance technique, avec des cycles de 16 kg, sans vitesses ni frein sur des étapes de plus de 18h.
Le tour de France : une épreuve sportive et nationaliste
Jusqu’en 1914, le parcours du Tour de France épouse les frontières du territoire, il entre même en territoire allemand entre 1906 et 1911. Il s’agit d’un moment d’appropriation symbolique du territoire et de célébration d’une France unie, dominée par Paris (arrivée sur les Champs-Élysées).
Il s’ouvre aux premiers cols montagnards des Pyrénées en 1910 (L’Aubisque et le Tourmalet) puis des Alpes (Galibier) en 1911.
Henri Desgrange ne cache pas son nationalisme. Le Tour de France naît d’ailleurs indirectement de l’affaire Dreyfus. Pierre Giffard, fondateur du Vélo (1892), détient un monopole sur la presse sportive et est dreyfusard. Michelin, Clément (cycles) et le comte de Dion, antidreyfusards, s’associent à Desgrange pour fonder le journal Auto-Vélo. Ses liens avec les milieux nationalistes et financiers en font une cible récurrente pour L’Humanité dans les années 1920 et 1930.
Le Tour de France et la presse : le développement du sport-spectacle dans l’entre-deux-guerres
Les années 1890-1900 voient l’essor d’une presse sportive généraliste ou spécialisée, dans un contexte de massification de la pratique sportive et des grandes manifestations sportives. Les journaux sont souvent à l’origine de la fondation d’épreuves sportives cyclistes populaires (Le Petit Journal a lancé le Paris-Brest en 1891, Le Vélo le Paris-Roubaix en 1896). Le Tour de France est d’ailleurs lancé en 1903 pour développer les ventes de L’Auto et concurrencer les autres journaux sportifs.
D’abord limité à de petits encarts dans la presse généraliste et sportive, le Tour de France suscite un engouement du public et un intérêt croissant des journalistes. Les photographies des coureurs se multiplient dans la presse (notamment celles de Jules Beau, photographe sportif), faisant de ces derniers des « héros contemporains » à l’instar de Maurice Garin.
Dans les années 1920-1930, de nombreux reportages contribuent à renforcer la célébrité du Tour de France, les journaux généralistes lui offrant leur « Une ». En 1929, Jean Antoine organise pour L’Intransigeant des reportages mobiles sur le Tour et les diffuse sur la TSF à partir de 1929.
Des plumes renommées suivent également cette épreuve sportive : c’est le cas d’Albert Londres pour le Petit Parisien, qui livre une série de reportages-entretiens entre le 22 juin et le 20 juillet 1924, à l’origine d’une livre, Tour de France, tour de souffrances, où il dénonce les conditions extrêmes de la course, la rudesse du règlement et le dopage des coureurs.
Henri Desgrange (1865-1940)
Ancien champion cycliste, directeur du vélodrome de Paris, il est le fondateur du journal L’Auto-Vélo en 1900, devenu L’Auto à la suite d’un procès en 1903. Promoteur du Tour de France, il en reste l’organisateur jusqu’en 1939.
Histoire du Tour de France
Compilation d'interviews et entretiens sur l'histoire du Tour de France de 1903, date de sa création, aux années 30.
Bibliographie
Roland Barthes, Mythologies, Seuil, Paris, 1951.
Jean-Luc Bœuf et Yves Léonard, La République du Tour de France, Seuil, Paris, 2003.
Patrick Clastres et Paul Dietschy, Sport, société et culture du XIXe siècle à nos jours, Hachette, Paris, 2006.
Sandrine Viollet, Le Tour de France cycliste 1903-2005, L’Harmattan, Paris, 2007.