Extrait du journal

La guerre civile est, comme je le disais hier, l’état normal de la France actuelle, qui de France n’a plus que le nom. lotis les indices en sont flagrants, et le conflit électoral vient y ajouter le dernier trait. Seulement, c'est la guerre civile passée dans le sang, la guerre civile ancrée dans les mœurs, dans les habitudes sociales, et y produisant un dépérissement chronique, une atonie générale qui ne laisse tout juste au corps politique que la force de subvenir aux besoins d’un reste de vie matérielle. Quand il n’y a plus de croyance dans un pays, et que la foi politique, morale ou religieuse, y succombe à l’influence et à la domination de l’égoïsme sensuel; lorsqu’il n’y a plus de passions ni de conscience publique, il ne peut plus y avoir de collisions violentes que de loin en loin; encore faut-il qu’elles soient laborieusement préparées d'avance et lentement amenées par le cours des choses. Jusque là, l’eau dormante est son image : le calme à la surface et la putréfaction au fond; vienne l’orage, et le flot qu’il agite est mortel à tout ce qui l’entoure....