Extrait du journal

Depuis que le fisc a inventé l’impôt du timbre ; depuis que la presse est libre, insinue nous le disions hier; libre s’entend, de donner dans tous les pièges qu’on lui suscite , l’usage a prévalu dans la circulation des journaux, de n’exiger le timbre que suT les numéros envoyés par la poste et sur ceux destinés au service de leurs abonnes, laissant passer libres d’impôt les numéros d’échange et de faveur, au nove d’une marque indicative de celte destination; soit en les poinçonnant du mot épreuve, ou en écrivant à la main le nom de la personne à qui la faveur s’adresse. Cet usage prévaut encore pour tous les autres journaux , hormis pour Brid’Oison. A lui seul il est interdit de laisser sortir de ses presses un seul numéro sans timbre. Depuis quatre jours, tous ses porteurs sont traqués , poursuivis, arrêtés dans tous les quartiers de Paris , et conduits soit au poste prochain, soit chez, le commissaire le plus voisin de l’endroit où ils sont accostés; et toutes les épreuves , tous les numéros d’échange, même ceux que l’on est dans l'habitude de donner aux porteurs, et où sont inscrits leurs noms, sont impitoyablement saisis et envoyés chez M. Gisquet. 11 parait que M. Gisquet est la doublure de M. Persil: il est devenu serre-feuille. On se fait aisément l’idée de la facilité que cela donne au service de Brid?Oison ; il ne s’en plaint pas; au contraire, il s’en fait gloire: chacun prend sa décoration ou il la trouve , et cette croix a porter lui semble mille fois préférable à celle dont il voit tant d’autres se pavaner. Néanmoins, par pur respect pour la logique, il ne peut [as s’empêcher de signaler celte nouvelle vexation comme une des plus ingénieuses fourberies du sycophantisme libéral, actuellement en possession du pouvoir....