Extrait du journal

M. LAURENTIE. Parmi tous les écrivains que préoccupent et le spectacle de ce qui sc passe sous nos yeux, et le souvenir des désordres dont cette époque est comme la locataire universelle, M. Laurentie est, sans contredit, un des plus remarquables. Jeune encore, sa pensée a pourtant la maturité de l’expérience, et la réflexion citez lui unit à la puissance de l’avalise la perspicacité des vues les plus droites. M. Laurentie est un de ces hommes rares dont les écrits sont tous puisés dans une conscience pure, mais du grand nombre de ceux dont la conviction n’est pas encore assez fixée sur l’ensemble et la portée des choses pour offrir ou trouver dans l’examen qu’elle en fait, cette unité d’observation, et cette pondération synthétique, qui donnent au coup-d’œil du publiciste, et la force d’étreindre toute une époque d’événement politiques, et la faculté d’en pénétrer les ressorts les plus cachés, d’en sonder les plus secrètes profondeurs pour le commun des lecteurs. Il y a toujours à gagner dans les écrits de M. Laurentie, et il n’y a rien à risquer ; mais pour le lecteur éclairé, observateur et commentateur lui-même des sujetsqu’il traite, il y a beaucoup à désirer. Il est toujours dans le vrai .; et c’est beaucoup pour le temps qui court, où rien n est si commun que de se fourvoyer dans ces hautes questions ; mais il ) stationne, il n’y marche pas; et quoique remplis d’aperçus sages, qui, pris isolément, satisfont, surprennent ou charment son lecteur, ses écrits en général ne concluent a rien. Fort de sa conscience et riche de sa pensée toujours droite et pure, son talent est comme empreint d’une timidité qui le rend malgré lui tributaire de certaines notions accréditées, dont il subit l’erreur tout en la répudiant; la force lui manque pour en secouer le joug, et s’élèvera la hauteur des considérations d’où seul on peut embrasser et dominer une question politique. Je vais prouver ce que j’avance à l’occasion de la nouvelle brochure que vient de publier M. Laurentie; la bonne foi qu’il met lui-même dans ses discussions m’est un garant qu’il approuvera la mienne. La meilleure manière de louer nu écrivain comme lui, c’est de le lire attentivement, cl après l’avoir médité, de raisonner avec lui sur la matière qui a fait l’objet de son travail. Au sophiste seul appartient l’obstination de sou dire; à un charlatan politique, la haine des contradictions....