Extrait du journal

LE (MEMAVAL SUE DOUZE MOIS ON ne réformera pas la magistrature tant qu’on la laissera en costume. Il faut d’abord lui ôter ces dé froques d'opérette que sont les robes, les hermines, les toques galonnées. Nous aimons un peu trop les déguisements chez L’Anglais y ajoute des perruques. De quoi nous rions bien quand un défilé d’emperruqués passe sur nos écrans. Croyez-vous qu ailleurs la justice ne se rend pas tout de même en veston ? Croyez-vous que chez nous les conseil lers prudhommes, en veston, ne rendent pas aussi bien la justice que leurs voisins du Tribunal de Commerce qui s’affublent aussi d’oripeaux ? Encore, chez eux, les juges ont quelque allure, mais qu’ils se rendent à un enterre ment officiel, à des obsèques nationales, avec le cardinal et ses confrères en tenue d’apparat et les évêques, et les chanoines, et les professeurs des Sorbonnes et des diverses facultés, de toutes les couleurs, et les académiciens avec leur habit finesherbes et leur épée, quel carnaval I Ils ont l’air, dans le jour cru de la rue, de ces femmes de cinéma quand, fardées, elles tournent en plein air. Et nos avocats avec leurs manches, quelle comédie ils jouent ! y estons, vestons, vestons, vestons ! Quand ils voudront recommencer leurs enfantillages de brûler la robe de M. Frot et qu’ils ne trouveront que le veston de travail de M. Frot, accroché à sa patère du vestiaire des avocats, ils comprendront peut être alors leur ridicule. Autant que l’on n’aura pas débarrassé la magistrature et le barreau de toutes ces défroques, on ne pourra pas leur faire comprendre qu’ils ne sont rien que des hommes comme les autres. C’est l’habit seul qui fait le moine. Jean Bastia....