Extrait du journal

Heureusement, il faut bien le dire, depuis le début jusqu'à la fin de la saison ce fut pour les infortunés directeurs un succès forcé. On avait beau écourter les pièces, les couper en morceaux, ne donner au public que des échantillons dépareillés, rien n'y faisait; il eut fallu termer les bureaux de location et inonder la salle pour empêcher cet entêté public parisien d'aller entendre les' œuvres qui lui plaisent. Le snobisme aidant, on essaya de lui faire comprendre que seuls les malheureux dépourvus de toute science musicale pouvaient encore s'amuser à de pareils spectacles, le bon public parisién a accepté sans broncher tous les mépris; obstinément il s'est refusé à aller voir les œuvres savantes et de bon ton qu'on lui offrait, il a continué à faire la sourde oreille pour tout ce qui n'était point musique de son goût. Les moindres places ont toujours été louées, on s'est entassé sur les strapontins, sur les marches d'escaliers, et, pour la plus grande confusion de notre siècle, aucun mépris n'a prévalu contre l'enthousiasme populaire....