Extrait du journal

Mais proportionnellement, quel terrible déchet! Si l'on en excepte quelques livres profondément médités et parfaitement écrits,comme Candide ou Les Liaisons dangereuses, ces romans n'étaientils pas condamnés? Les nôtres ne le sont-ils pas aussi ? Notre hâte à les faire ne provoquera-t-elle pas leur mort prématurée? Ce genre ne porte-t-il pas en lui-même sa corruption, parce qu'il a, malgré soi, qu'il s'agisse des meilleurs ou des moins bons, une « manière » de l'époque qui les rend bientôt, en dépit de leurs qualités, surannés comme d'anciennes gravures de modes? N'y a-t-il pas dans le roman une singulière part de mode? C'est un genre essentiellement habillé, et ce qui caractérise les romanciers les plus habiles — je ne dis pas les plus grands — c'est leur allure de couturiers de la vie....