Extrait du journal

Les craintes de guerre qui s'étalent pro duites la semaine dernière se sont mani festement dissipées. Qui, d’ailleurs, aurait le triste courage de commencer les hostilités et à qui profiterait la guerre ? Tant que M. de Bismarck conservera la haute direction de la politique extérieure de l’Allemagne, on peut être assuré qu’il modérera les allures belliqueuses de son jeune élève, et qu'il ne risquera pas d’ex poser au hasard des combats les destinées de l’empire. 1) ne pourrait rien faire d’ail leurs sans l’assentiment, au moins tacite, de la Russie qui le tient en échec à l’Est. Or, la Russie continue à suivre une politique toute pacifique. La façon dont le czar a répondu aux avances de Guillaume II, l’attitude de la diplomatie et de la presse, tout établit que la Russie est absolument décidée à fournir le contrepoids nécessaire à maintenir l’équi libre européen tel qu’il existe. Alexandre III peut répéter le mot de Louis XIV, qu’aucun coup de canon ne pourrait être tiré en Eu rope sans sa permission. L’Autriche, bien que faisant partie de la triple alliance, n abuse pas de sa situation pour troubler les esprits et inquiéter à tout propos les États avec lesquels elle vit en paix. Depuis l’incident Tisza, si vite apaisé, nos relations avec l’Autriche-Hongrie sont redevenues aussi bonnes que par le passé et il y a même lieu de penser que si la paix se trouvait sérieusement menacée, la France trouverait en François-Joseph, sinon un appui moral, du moins un arbitre sage qui interviendrait en faveur de la justice et de l’équité. Peut-on dire que la France désire la guerre i Est-ce que l’activité avec laquelle on pousse les travaux de l’Exposition de 1889, le langage calme et mesuré de notre diplomatie, la patience que nous opposons...