Extrait du journal

D’un côté est l’exagération en moustaches, à qui il ne tient pas que, par ses mesures ultra-révolutionnaires, nous ne devenions l’horreur et la risée de l’Europe; d’un autre côté est le modérantisme en deuil, qui, voyant la République ramer vers le bon sens et tâcher d’éviter le courant de l’exagération, voudrait la faire chavirer dans la contre-révolution. Enfin, il y a une troisième conspiration, qui n’est pas la moins dangereuse; c’est celle que Marat aurait appelée la conspiration des dindons ; je veux parler de ces hommes qui, avec les intentions du monde les meilleures, étrangers à toutes les idées politiques, et, si je puis m’exprimer ainsi, scélérats de bêtise et d’orgueil, souffrent à peine qu’on les contredise; montagnards d'industrie, comme les appelle, si bien d’Eglantine, tout, au moins montagnards de recrues, de la troisième ou quatrième réquisition, et dont la morgue ose traiter de mauvais citoyens des vétérans blanchis dans les armées de la République, s’ils ne fléchissent pas le genou devant leur opinion, et dont l’ignorance patriote nous fait encore plus de mal que l’habileté contre-révolutionnaire. ' Je ne puis m’empêcher de transcrire ici le passage que 'Anti-Fédéraliste a cité de Montesquieu, et qui est si bien à l’ordre du jour. On verra que le génie de César ne travaillait pas mieux que la sottise de nos ultra-révolutionnaires à faire détester la république et à frayer le chemin à la monarchie....