Extrait du journal

Paris, 4 novembre. Un nouveau projet constitutionnel est mis sur le tapis. Celui-ci émane du cor respondant anonyme de la Presse, qu’on dit être M. Guyot-Montpayroux, et qui a déjà produit un premier projet. L’homme d’Etat masqué formule cette fois sa charte en cinq articles : 1° La République est reconnue comme gouvernement légal ; 2* Le pouvoir exécutif est confié à un président (M. Thiers), institué pour quatre années. En cas de mort ou de re traite, il est suppléé par le président de l’Assemblée jusqu’à l’élection du nouvel exécutif ; 3* L’Assemblée est perma nente ; elle se renouvellera par tiers le premier dimanche de mars de chaque an née, à partir de 1873; 4* Tous les citoyens sont électeurs et le vote est obligatoire ; 5e Aussitôt le renouvellement accompli, une commission de 45 membres sera nommée pour s’occuper des lois organi ques complémentaires, comme la créa tion d’une seconde Chambre. La Patrie parle d’une conversation que M. Thiers aurait eue avec un homme politique sur ces diverses questions. A en croire les indications de ce journal, M. Thiers croit à la fusion républicaine et à un apaisement définitif des esprits. Il semble accepter le projet de la présidence quaternaire et quinquennaire, préféra blement à celui de la présidence à vie. Sur la question de dissolution de l’Assem blée, il n’a rien dit de positif, mais le renouvellement partiel a paru lui sourire — quand le moment sera venu , sans doute quand l’occupation allemande aura pris fin. S'il faut en croire le Bien public, des divers projets de réformes constitution nelles qui sont à l’ordre du jour, la ques tion de la Présidence pour 4 ans et celle J de l’intérimat de la présidence de la | république seraient seules présentées j immédiatement après la rentrée de l’As- \ semblée nationale. Le budget viendra ’ ensuite. i Quoi qu’il en soit, de graves questions j se préparent et s’agitent. On dit qu’il y a deux courants à Versailles. L’un, celui de la présidence, se montre optimiste. Les hommes qui y sont engagés comptent sur < la prodigieuse habileté » du prési dent pour dominer toutes les situations à venir. L’autre se montre moins rassuré : celui-ci part des ministères. Là, on trouve M. Thiers « trop habile » et l’on redoute de très prochains et très graves orages parlementaires....