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Courrier de Saône-et-Loire, 12 novembre 1868

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Courrier de Saône-et-Loire
12 novembre 1868


Extrait du journal

Un redoublement d’activité se manifeste en ce moment dans les rangs de l’opposition. I es démolisseurs d’Etat se mettent à l’œuvre. On s’organise, on se compte pour livrer au gouvernement une bataille achar née, dont les prochaines élections fourni ront tout naturellement l’occasion. Dans une lettre adressée à un de ses coreligion naires politiques, M. Jules Favre, suppu tant les chances du parti démocratique, s’exprime eu ces termes : « Je reconnais avec vous qu’il faut tenter un grand effort pour rallier les forces de la démocratie. Seulement, les campagnes sont encore trop tremblantes devant l’autorité pour qu’on puisse espérer d’elles un vote indépendant. Ce qui n’est pas une raison de s’arrêter, loin de là. » Voilà bien les hommes de la démocratie ! Quand les habitants des campagnes ne leur donnent pas la majorité, ce sont pour eux des trembleurs, des ignorants. Quand, au contraire, ils votent selon leur désir, comme dans le Jura, ce sont de grands citoyens, de vrais patriotes. Il suffit de signaler ce double langage pour en faire apprécier la valeur. Est-ce que, par hasard, l'indépendance, l’intelligence et l’instruction seraient l’apa nage exclusif des habitants des villes ? « Que l’instruction soit plus répandue dans les villes que dans les champs, dit un publiciste, j’en suis d’accord ; mais que l’intelligence des choses de la vie publique y soit plus vive, je le conteste. Si le citadin a plus d’imagination, le campagnard a plus de jugement; or le jugement est bien quel que chose dans les relations sociales. » Pourquoi donc les campagnards sont-ils si conservateurs? Pourquoi les citadins soutils si... progressistes?. . v Les passions ou les intérêts mènent les hommes. Les paysans n’ont de passion poli tique que celle du connu et du défini, d’autre intérêt que de travailler librement leurs champs, de vendre le mieux possible leurs denrées et de disposer de leurs reve nus avec securité... » Le campagnard comprend d’instinct que ce n’est qu’à l’abri d’une autorité quel conque, mais forte, que le travail peut de venir productif, que les belles paroles, les merveilleuses promesses avec lesquelles ou cherche à le séduire ne changeront rien à sa condition et qu’un bouleversement, voire meme les inquiétudes suscitées à un gouver nement ne peuvent, sans profit pour lui, paysan, que retarder l’effet des bonnes résolutions de ce meme gouvernement... » Il ne se prêtera pas à devenir un en nemi du chef de l’Etat ; car il sait qui le gouverne, cela a pour lui un nom, cela ré pond à une idée, cela est une autorité qui peut faire pour lui plus et mieux que l’inconnu qu’on fait inutilement miroiter à scs yeux » Ces lignes contiennent une réfutation fort juste des opinions qu’émet l’opposition sur les habitants des campagnes qu’elle cajole quelquefois, mais que, le plus souvent, elle traite avec un superbe dédain. Quoiqu’il en soit, nous sommes avertis, le parti démocrate travaille ; il combine ses plans stratégiques, pour « tenter un grand effort, » suivant l’expression de M. Jules Favre. Nous ne doutons pas que cet effort n’échoue devant le patriotisme des popula tions, qui comprendront qu’elles doivent servir leur pays et non se taire les instru ments des rancunes ou des ambitions des...

À propos

Lancé sous le titre Le Drapeau tricolore en 1832, ce journal de Chalon-sur-Saône devient le Courrier de Saône-et-Loire en 1840. En 1921, il absorbe le Journal de Saône-et-Loire et l'intègre à son nom en 1947 pour donner Le Courrier, Le Journal de Saône-et-Loire. Depuis 2000, le titre est publié à nouveau sous le nom Journal de Saône-et-Loire.

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