Extrait du journal

une noblesse réelle dans la façon dont M. de Morainville réparait ses erreurs de jeunesse. — Assurément, dit Angélique. Un comte qui met hardiment la main à la pâte, ça ne se voit pas tous les jours. — Oui... je ne dis pas non, répondit Arthur qui se mordit les lèvres ; mais c’est égal... pour un gentilhomme, ça manque de chic. Pendant cette courte discussion, Juliette avait paru en proie à un malaise évident. Bien qu’il s’efforçât de se contenir, Adrien n’était pas moins agité qu’elle. — Au nom du ciel ! mon enfant, lui recommanda-t-il, quoi qu’on dise, quoi que tu entendes, ne bouge pas ! Que pas un muscle de ton visage ne tressaille ! — Par malheur, reprit le chevalier, M. de Morainville, entraîné dans le courant des affaires, négligeait un peu sa femme. Mai lui en prit, comme vous allez voir. A trente ans, après dix années de mariage, la comtesse se retrouva subitement en face de celui qu elle avait été sur le point d’épouser, qu’elle avait aimé dans sa jeu nesse, des bras duquel l'aveugle vanité de ses parents l’avait pour ainsi dire arra chée. Que se passa-t-il entre eux ? Com ment^ cette malheureuse, irréprochable jusqu’alors, en arriva t-elle à oublier ses devoirs ? Je ne saurais vous le dire. Tou jours est-il qu’un beau jour elle s’enfuit avec son amant et partit pour l’Amérique, plantant là son mari et ses enfants, dont le plus jeune avait trois ans à peine... Juliette, à ce moment du récit, saisit vivement la main de son frère. (A tuiir*.)...