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Courrier de Saône-et-Loire, 15 novembre 1851

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Courrier de Saône-et-Loire
15 novembre 1851


Extrait du journal

L’abrogation de la loi du 31 mai vient d’être repoussée par l’Assemblée législative, à une majorité de 6 voix. Ce chiffre fort minime en apparence eût été beaucoup plus considérable si dans un but de conciliation qu’on pouvait espérer, environ 4 0 membres de la réunion des Pyramides, quoique fermement opposés au retrait de la loi n’eussent désiré voir l'Assemblée passer à une seconde lecture du projet, et n’eussent voté en conséquence, et pour ce seul motif avec les minorités coalisées. Le rapport de M. Daru et la sévère argumentation de M. de Vatimesriil connus depuis hier, faisaient pressen tir le sort de ce malencontreux projet,dont les auteurs ou instigateurs doivent reconnaître aujourd’hui le tort qu’ils ont eu, conseillant au Président de la République une tnoure qui pouvait tendre à ébranler et à disjoindre une majorité qu’on devrait au contraire s’efforcer de rendre plus unie et plus compacte. Après avoir lu ou entendu le lumineux rapport de M. Daru, il était impossible en effet à moins d être frappé de cécité, de ne pas reconnaître que l’abrogation pure et simple de la loi du 31 mai était la chose la plus funeste et la plus désastreuse pour le calme du pays. C'est le glat dt lu réaction qui commence d tonner, disait le National en parlant du retrait présumé de la lui, et toute la république rouge faisait chorus aux paroles du National. Il aurait donc fallu que la majorité oubliât lotis ses devoirs et re niât tous ses antécédents pour se prêter docilement à ce que nous regardons comme une erreur capitale du pouvoir exécutif. M. le rapporteur avait parfaitement fait ressortir le véritable caractère de la loi du 31 mai, qui a été tout à la fois un acte politique et la consécration d'un principe juste, ci qui a épuré et moralisé le suffrage universel en rendant le droit électoral, non plus vagabond et désordonné com me nous l’avons vu dans les premiers essais , mais régu lier, honorable et fondé sur la seule garantie possible, celle du domicile. Il est certain que celte loi tutélaire avait puissamment contribué à rassurer les esprits et à ranimer la confiance ébranlée. Le message et le rapport sont d’accord sur ce point, seulement les conclusions différaient radicalement entre elles Je m’honore d’avoir pris l’initiative de la loi du 31 mai dont nous avons éprouvé les salutaires effets, ei j'en de mande l'abrogation , disait le Message. Nous nous honorons d’avoir édicté la loi du 31 mai dont nous avons éprouvé les salutaires effets, et nous en deman dons le maintien, a répondu le rapport. De quel côté étaient la raison, la vérité et la logique ? L’Assemblée l’a décidé à une majorité réelle de 0 voix mais avec un chiffre bieu plus élevé si Von tient compte des considérations que nous avons exposées plus haut. Quel que regrettable qu’ait été ce conflit, nous pensons que tous les germes d irritation qu’il a pu jeter dans les esprits doi vent disparaître devant le vote du 13 novembre. L’Assemblée a énergiquement maintenu le principe qu’elle avait posé, elle aurait tort aujourd’hui d’en forcer les conséquences et de se montrer intraitable à l’endroit des modifications que l’opinion publique est prête â réclamer ou à admettre. Ces modifications feront nécessairement la matière d’un nouveau projet qui, soit qu'il émane du pouvoir exécu tif, soit qu’il ressorte de l’initiative parlementaire , de vra être examiné, débattu et voté sans préventions , sans rancunes et sans animosité. Nous touchons à une crise grave , sérieuse et qui exige le concours et l’union des grands pouvoirs de l’Etat. L’Assemblce forte de son droit a rejeté le projet d’abrogation , mais cette manifestation de la part du gouvernement a frappé d’un certain discré dit la loi actuelle et il serait imprudent d’imposer aujour d’hui au pouvoir, la stricte et rigoureuss exécution d’une législation qu’il a cru reconnaître vicieuse, puisqu’il en a demandé le changement. La loi subissant d’utiles modifications, le pouvoir exé cutif , après avoir rencontré dans l’Assemblée la ferme té et la modération réunies , devra se tenir pour satis fait et sera beaucoup plus fort pour faire exécuter la loi amendée d’accord avec lui , qu’il ne le serait en ce mo ment pour faire observer la loi maintenue malgré son dé*ir exprimé. En politique, il ne faut jamais rien abandonner à la pas sion; mais on doit tout accorder à la maturité et à la ré flexion. L’Assemblée avait deux tâches à remplir; elle s’est forcément acquittée de la première, nous avons la con viction qu’elle ne faillira point devant la seconde....

À propos

Lancé sous le titre Le Drapeau tricolore en 1832, ce journal de Chalon-sur-Saône devient le Courrier de Saône-et-Loire en 1840. En 1921, il absorbe le Journal de Saône-et-Loire et l'intègre à son nom en 1947 pour donner Le Courrier, Le Journal de Saône-et-Loire. Depuis 2000, le titre est publié à nouveau sous le nom Journal de Saône-et-Loire.

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Données de classification
  • daru
  • de larochejaquelein
  • de thorigny
  • rigol
  • france
  • l'assemblée
  • une république
  • la république