Extrait du journal

Lettres Parisiennes Paris, 17 juin. Après avoir soulevé la question de l’am nistie avec autant de maladresse que d’imprévoyance, l’opportunisme qui nous gouverne avait été pris d’une belle peur. Il a fait mine de résister et de renvoyer aux calendes grecques le rappel de nos frères èijares de Nouméa, Londres, Bruxel les, Gehève et autres lieux. Mais en pré sence des menaces du socialisme, il a de nouveau réfléchi : M. Gambetta est reve nu a la conviction que l’amnistie s’impose comme une nécessité. Le ministère s’est rebiffé; il ne voulait, ] hier encore, accorder que des grâces. Aujourd’hui il tergiverse, et on croit que finalement il accordera l’amnistie. Les menaces abondent, et franchement ce pauvre gouvernement — pauvre d’idees, entendons-nous — n’est pas préci sément sur un lit de roses. A en croire la Lanterne, la fête du 14 juillet pourrait bien être tout autre chose qu’une réjouissance pacifique, si l’on ne lait pas I amnistie : Sans l’amnistie, l’a fête n’est plus. L’armée y viendra par ordre; mais le peuple n’y sera pas. L’apaisement refusé, les colères aigries par le ressentiment de cette déception cruelle de l’amnistie promise, presque don née et retirée aussitôt, voilà ce qui peut faire de ce jour triomphal un jour de danyer. Il n’est pas vrai qu oie eût rien a craindre pour l’ordre publique au 14 juillet, après l’amnistie. L’ordre, l’apaisement, la joie publique, la population de Paris en répondait, pourvu qu il ne fût lias permis à M. Andrieux de les venir troubler. Mais l’amnistie donnée et reprise, c’est pis qu’une faute, c’est une provocation....