Extrait du journal

Maintenant elle attendait son retour, le cœur palpitant d’espoir et d’angoisse ; car en la quittant la veille, devant les marches de la Samaritaine, il lui avait dit à l’oreille: — Je vous reverrai demain pour vous parler de votre mère. Sa mère î Ce doux mot, prononcé par lui, l’avait bouleversée dans tout son être. Elle n’avait jamais goûté ce bonheur de l'enfance d’être bercée, tête blonde et. rieuse, sur les genoux d’une femme au coeur toujours indulgent,, à la lèvre tou jours prête au baiser, à la main toujours prête à la caresse, et qui, d’un accent ineffable, vous appelle son enfant. Réséda n’avait jamais connu sa mère, ou du moins il ne lui restait des premiers jours de son enfance qu’un souvenir vague et comme effacé par les vapeurs d’un rêve. Elle ne connaissait pas davantage ses parents. Chaque fois qu'elle interrogeait M. de Lanzac à ce sujet, le bon gentilhomme hochait la tète et répétait qu’il ne savait rien. Mais le voile allait se déchirer enfin ; la clarté allait se faire dans la nuit de ses jeunes années; elle allait savoir le secret de sa naissance. Que lui importait la vente de ses fleurs?...