Extrait du journal
Honrgew, S Septembre LE RETOUR DES ÉGARÉS Les premiers communards amnistiés sont enfin arrivés à Paris, et c’est avec un vif sentiment de satisfaction qu’ils pourront désormais contempler de nouveau les ruines qu’ils ont faites. Leur voyage s’est effectué de Povt-Vcndrcs à Paris sans incidents à signaler. Le train, dont l’arrivée à Paris avait élé annoncée pour huit heures du soir, a subi, par suite des manœuvres et de l’encombrement des voies, un retard considéiable ; il n’esi entré en gare que vers quatre heures du matin. En effet, vers huit heures, on affiche que le train des communards n’arrivera qu’à quatre heures du malin. Aussitôt les commentaires vont bon train, et de tous côtés l’on entend dire : — Parbleu ! on les fera débarquer lorsque tout le monde sera parti... Le gouvernement a le slrac », etc., etc. Tout a un terme, même la patience. Peu à peu la fouir s’en va, et il ne reste que les enragés. Cependant, dès six heures du soir, une foule énorme encombrait la gare d’Orléans et ses abords pour attendre le premier train des amnistiés. La manifestation a élé ratée. La tête a eu lieu dans les cabarets, ouverts à celte heure matinale. Le cabaret, pour un trop grand nombre de ces malheureux revenus eu France, c’est la seule patrie qu’ils connaissent ! Constatons, en passant, qu’à Porl-Vendres, à Perpignan, à Paris, le premier sol qu’ils aient voulu fouler dans la patrie recouvrée est celui du cabaret ! A droite de la cour d’arrivée, une soixantaine de gardiens de la paix, commandés par un officier de paix, étaient rangés en bataille ; à l’extérieur, une escoyade de renfort. Enfin, vers quatre heures du matin, le « train spécial » des frères et amis entre en gare. Les agents, divisés en escouades, formèrent la haie aux différentes sorties ; puis, continuant leur service sur d’autres points, se promenèrent sur les contre-allées du boulevard de l’Hôpilal. A la descente du train, les amnistiés et leurs frè res de Paris se reconnaissent ; les « aristos » se précipitent chez les « chauds » devins; on entend ça et là les cris de : « Vive la ltépublique ! » et, à ce qu’on prétend, des cris au moins aussi nom breux de : « Vive la Commune ! » Leur retour inspire les lignes suivantes à la Marseillaise : « Ou sent que les proscrits qui reviennent sont, en dépit de l’adversité cruelle, de ceux qui, selon l’expression du poète, sont encore restés debout. • Les gens du pouvoir l’ont bien compris aussi. Ils ont élé pris de peur — et comme affolés. > Ils sont donc bien redoutables ceux que nous allons revoir, et ils sont donc bien faibles, ceux qui les redoutent. » Fort heureusement cette consigne ne sera pas exécutée. Les vaincus de la Commune sortiront par la...
À propos
Initialement intitulé La République de 1848, le journal se rebaptisa Le Courrier de Bourges quatre années plus tard, en 1852. En 1872, le journal devint Le Courrier du Berry puis, de 1883 jusqu'à sa disparition en 1902, Le Messager du Cher. Il traitait en quatre pages de toutes sortes d’actualités (littéraires, agricoles, scientifiques et politiques) et soutenait une ligne favorable à ce qu’il nommait une « monarchie chrétienne et tempérée ».
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