Extrait du journal
Bourges 13 Janvier A PROPOS D’UN ANNIVERSAIRE Un Préfet des premiers temps du second Empire eût, un jour, dans un discours qui lui valut son congé, l'heureuse inspiration de jeter ce pavé à la tête du César déclassé : e Dieu fit l’empereur et se reposa!.... » Ce fut le Préfet qui fut invité, lui-même, à pren dre un repos si nécessaire. Mais il parait que, depuis le 4 septembre, les bonapartistes se sont suffisamment reposés pour retrouver toute l'impudence de leurs vieilles rapsodies ; car voici les élucubrations bouflonnes que l’anniversaire bonapartiste du 9j janvier inspirait dernièrement à l'esprit et ù la plume d'un des plus fanatiques de ce parti. En apprenant le « coup de foudre > de la mort du héros de Sedan, il s’écrie : « Il nous semblait que > Dieu ne pouvait frapper la France !... qui donc la » sauverait, si l’empereur n’était plus là ? n’était-ce » donc pas vrai que Dieu le tenait en réserve pour » nous lirer quelque jour de l’abîme et rendre à la * Patrie sa place ù la tête des nations?... » Il faut véritablement avoir bien envie de se mo quer des malheurs de la France pour rappeler, ainsi", de l'autre monde celui-là même qui nous a perdus. L’auteur ajoute : « Il avait suivi sa pensée : Améliorer 1$ sort de a la classe la plus nombreuse et la plus pauvre.... « Rendre le peuple meilleur en le faisant plus heu* reux. » Est ce donc le résultat auquel est par venu le césarisme, en suscLmt, en excitant toutes les convoitises, sans pouvoir les satisfaire, par le spectacle dissolvant du luxe le plus effréné, par la démoralisation et l’antagonisme des intérêts exclu sivement matériels, par le scandale des fortunes improvisées, par la fièvre hidgpse de l’agiotage, et finalement par l'exploitation du prétendu droit de coalition d’où sortit tout armé le radicalisme révolutionnaire et anarchique de, Y Internationale et de la Commune? L’auteur continue . « A Sedan, sa couronne, sa c dynastie, sa liberté, il avait tout sacrifié pour « sauver et garder à la France cette armée... qui ne * pouvait plus combattre, mais qui pouvait encore « être massacrée.... > Quelle mauvaise plaisan terie, quand on sait parfaitement qu’après avoir déclaré la guerre à la Prusse, connaissant très bien l’immense disproportion de nos forces avec celles de cette puissance, l’empereur entreprend et con tinue jusqu’à Sedan une lutte impossible qui nous coûta déjà si cher!... A Sedan, il s’arrêta parce qu’il comptait encore sauver sa dynastie .. et c’est ainsi qu’à ce but personnel il sacrifia jusqu'à son honneur, jusqu’à l’honneur de la France, en livrant notre armée à l’ennemi, et notre sol à l’invasion ! Napoléon 111 n’est donc pas mort de la défaite de la patrie, mais bien parce que cette défaite déter miné l’écroulement de l’échafaudage édifié, par son coup d’Etat, 19 ans auparavant. S’il eut eu le moindre souci de l’intérêt et de l’hon neur de la France, il n’eut fait ni la guerre de Cri mée, ni la guerre d’Italie, ni la guerre du Mexique, ni la guerre de 1870 ; et c’est précisément parce que nous subissons encore les conséquences fatales...
À propos
Initialement intitulé La République de 1848, le journal se rebaptisa Le Courrier de Bourges quatre années plus tard, en 1852. En 1872, le journal devint Le Courrier du Berry puis, de 1883 jusqu'à sa disparition en 1902, Le Messager du Cher. Il traitait en quatre pages de toutes sortes d’actualités (littéraires, agricoles, scientifiques et politiques) et soutenait une ligne favorable à ce qu’il nommait une « monarchie chrétienne et tempérée ».
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