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Courrier du Berry, 14 septembre 1877

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Courrier du Berry
14 septembre 1877


Extrait du journal

On n’a pas rendu à M. Thiers tout l’hommage qu’il méritait. Puisque la République est le grand ouvrage du grand citoyen qui « pendant un demi-siècle, connue dit le Journal officiel, a honoré et servi son pays », on aurait dû voir à scs funérailles tous ceux qui l’ont faite avec lui. Tout autant que les 363, les 750 de l’ancienne Assemblée nationale avaient droit à une place d’honneur derrière le cercueil du fondateur de la République française. Ceux-ci l’avaient fait président, ceux-là voulaient qu’il le redevint. Durant celte période de sept ans passés, M. Thiers a été également l’homme des uns et des autres. Ce n’est pas lui qui a changé. Comme les 363, il voulait simplement les conséquences de la République. Pourquoi les 750 se sont-ils arrêtés en route, s’ils avaient jugé l’œuvre bonne au début ? Une parole de M. Thiers a fait la République. L'Assemblée de Bordeaux voulait donner an gouver nement à la France. M. Thiers lui dit : « Attendez! avant de constituer, il faut réorganiser. » Ce mot, qui avait l’air d’un axiome politique, fit fortune. Personne, dans cette majorité monarchique, ne s’avisa que le roi était par lui-même la réorganisation et la constitution. Pour la besogne politique tracée parM. Thiers, on prit M. Thiers et on laissa le roi. Mais en réorganisant on constituait, si bien qu'un se trouva le plus naturellement du monde en République. Alors cette honnête majo rité commença à se défier de l’homme en qui elle avait mis sa confianc - et de sa propre besogne. Elle crut, en écartant M. Thiers, se défaire de la Répu blique. Mais il était trop tard. On avait réorganisé, trois ans durant, sous l’étiquette républicaine; l’habi tude était prise, l’impulsion donnée; quand on sc mit à constituer, on constitua la République. Les habiles avaient cru faire merveille de suivre M. Thiers. Réorganiser le pays, et puis constituer le roi, quelle belle œuvre pour une Assemblée souveraine ! On en aurait parlé dans l’histoire. Dès qu’il vit son programme accepté, M. Thiers comprit que la République était faite. En n’appelant pas le roi, dès le premier jour, l'Assemblée méconnaissait le droit. Ce qu’elle n’avait pas fait tout de suite par principe, il était à prévoir qu’elle ne le ferait plus par négociation. Il manquait à l'Assemblée nationale d'être vraiment monarchique ; au fond, elle était parlementaire, libérale et révolu tionnaire à son insu. Elle a choisi M. Thiers, elle a fait la République. .Qu’eût fait de plus une Assemblée républicaine? L’on voit mieux la faute de 4871, maintenant que la France est acculée à la République. La mort de M. Thiers rappelle la funeste erreur de l’Assemblée de Bordeaux. Elle s’est trompée pour s'être laissé tromper. Elle a cru eu M. Thiers, elle a fait l’œuvre de M. Thiers, elle a consacré la politique de M. Thiers. Le radicalisme, coutre lequel le...

À propos

Initialement intitulé La République de 1848, le journal se rebaptisa Le Courrier de Bourges quatre années plus tard, en 1852. En 1872, le journal devint Le Courrier du Berry puis, de 1883 jusqu'à sa disparition en 1902, Le Messager du Cher. Il traitait en quatre pages de toutes sortes d’actualités (littéraires, agricoles, scientifiques et politiques) et soutenait une ligne favorable à ce qu’il nommait une « monarchie chrétienne et tempérée ».

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