Extrait du journal

Correspondance spéciale de Versailles Versailles, 16 février 1875. A l’heure où je vous écris, toutes les combinaisons ministérielles mises en avant ont échoué, et des diffé rentes listes qui ont circulé, aucune ne paraît sérieuse. Du reste, peut-on édifier un édifice solide sur le ter rain mouvant où*l’on s'agite depuis quelques jours; et tout ministère qui voudra prendre pour programme les lois constitutionnelles ne se condamnera-t-il pas par là même à l’impuissance? Une seule politique est possible, c’est celle qui, écartant ce programme cons titutionnel dont personne ne veut et sur la rédaction duquel les partis ne peuvent s’entendre, ne se préoc cupera que du bien de la France et substituera h des, controverses bizantines qui nous discréditent et nous énervent, une discussion sérieuse de toutes les ques tions d’ordre social et religieux. Est-ce que, par exemple, la loi électorale et municipale, la loi sur la liberté de renseignement supérieur ne devraient pas plutôt appeler notre attention que ces stériles disser tations sur le Sénat ? Mais ce serait trop exiger de nos adversaires que d’attendre d’eux une étude vigilante de tout ce qui peut contribuer à raffermissement du parti conservateur. Renouer des intrigues leur semble plus opportun sans doute et cadre mieux avec leurs ambitieuses visées. Quant à nos amis, ils continueront de considérer ces agitations sans s’y mêler et sans s’écarter de la ligne de conduite qu’ils ont adoptée dès le premier jour. Aucune considération ne leur fera oublier le respect qu’ils se doivent et les engagements que la France monarchique a - reçus d'eux. Tous les projets caressés par le centre droit se heurteront contre celle inflexible droiture....