Extrait du journal

une admirable page de philosophie sociale, un chef d’œuvre de dialectique. Ecrit dans ce beau style parlementaire dont M. de Broglie possède le secret ; ce discours gagne autant à la lecture qu’il perdrait à l’audition. Ce n est pas que la voix de l’orateur fut étouffée par les agitations, les murmures, les interruptions d la gauche. Non, rarement le Parlement offre l’édifiant spectacle d’un recueillement aussi profond, d’un silence aussi religieux. Mais la faiblesse de la voix de M. le duc de Broglie, sa fatigue surtout, enlevaient aux paroles beaucoup de leur netteté. L'argumentation serrée, vigoureuse de l’orateur de la droite démasquait toutes les hypocrisies des projets Ferry, établissait la corrélation existant entre la loi sur le conseil supérieur et les lois qui font partie du programme. C’est dans l’ombre que voudraient trahir la liberté, ceux qui se targuaient jadis d'éprouver pour elle, une passion jalouse. Le discours de M. le duc de Rroglie l’a prouvé avec une invincible logique. Les hauteurs métaphysiques, les subtilités philo sophiques, dans le domaine desquels s’est retranché M. Barthélémy St-Hilaire, n’ont pu atténuer l’im pression produite par le discours de M. le duc de Broglie. Ce discours, quelque soit le vote qui suivra la discussion, est une victoire morale. Applaudi avec enthousiasme par toute la droite, il a du por ter la conviction dans les esprits du centre gauche et de la gauche, qui n’onl point abdiqué tonte indé pendance intellectuelle, chez qui le parti pris n'a point entièrement étouffé l’amour de la vérité, du bon sens, de la science socia e, du vrai patriotisme! La discussion engagée dans la Chambre des dé putés sur le droit de réunion nous a montré, d’un côté les répub ica in s libéraux 'qui veulent la liberté, même pour les jésuites; nous avons vu, d’une autre cùlé, se produire les Jacobins incorrigibles pour lesquels la liberté est l’oppression, la suppression, l’expulsion des citoyens qui pratiquent une règle religieuse. Il y a quelques radicaux qui, pour ne pas exposer leur parti au même système tyrannique, repoussent les théories Jacobines des Madier-Montjau et autres membres des gauches. On lit dans le Mot d'Ordre : « Tout cela est. sinon très-libéral, au moins fort ingénieux. Nous voudrions seulement savoir si le réformateur du programme républicain entend pousser jusqu’au bout les conséquences de ses doc trines, et si, par exemple, il se propose de combat tre bientôt la liberté de la presse par les mêmes raisonnements qu’il oppose aujourd’hui aux libertés de réunion et d’association. Pourquoi non ? Il est probable que M. Louis Blanc, qui va défendre en core la liberté de la presse, et M Clemenceau et une douzaine de républicains qui la défendront avec lui, n’y ont peut-être pas assez réfléchi. — il est probable que si la presse était libre, les cléri caux seraient assez audacieux pour écrire. Grave objection — et qui s’applique, hélas ! à toutes les libertés ! M. Madier va-t-il donc les repousser eu bloc ? Il n'en faut pas douter, car M. Madier est un terrible logicien. i • Espérons, toutefois, qu’il s'arrêtera dans la voie j implacable où il est entré, et qu’il ne pou>sera pas j la haine des cléricaux jusqu’à nous étouffer pour ; nous délivrer du supplice de partager avec eux l’air ! et la vie. » Après la révolution de 1830, nous ne savons plus quel Carabas irréconciliable avait, sur toute i l'étendue de ses vastes propriétés, interdit la pêche...