Extrait du journal

II. - LE CHATEAU DE TAURIN. (Suite) — Mon oncle, je suis entrée chez vous pauvre comme une mendiante, mais en échange des biens dont vous me comblez, je me réservais d’exiger que jamais un soupçon ne répandrait son ombre sur cette alliance sollicitée par vous, que vous comme moi nous aurions toujours le droit de porter le front haut devant tout le monde. Il ouvrit la bouche pour répondre, mais il ne rompit pas.le silence et la laissa continuer. — Vous vous en souvenez, reprit-elle, j’étais orpheline. La mort, une mort tragique m’avait enlevé mes parents, ma fortune s’était envolée au vent de la révolution, parents et amis avaient succombé ou bien étaient dispersés au loin par l’axil et la proscription ; le comte d’Arzano, la com tesse,'la bieu-aimée cousine de ma mère, tous ceux dont « j’amais pu espérer appui et protection me manquaient. Une pauvre religieuse que les lois de la Convention avaient chassée de son couvent, se chargea de mon éducation ; je vécus du pain de l’aumône, sans autre perspective que de demander à mon travail, comme la plus humble enfant du peuple, des moyens d’existence. Le hasard vous rapprocha de moi, vous étiez riche et puissant, mais vous étiez seul, célibataire, vous ir’avicz personne à aimer. Vous vous souvîntes que des liens de parenté éloignée existaient entre nous ; vous voulûtes que je vous appelasse mon oncle. Celle affection que vous me témoigniez était pour la pauvre orpheline une bonne tor...