Extrait du journal

Cogolin était affamé. Cogolin était assoiffé. Mais Cogolin était chaste... et même furibond h ses heures. Il s'assit donc ù une table où il se lit servir deux bouteilles do vin d’Anjou, du lard grillé, du jambon avec des œufs et autres choses épicées, mais il repoussa modestement lu ribaude fanée, dépoitraillée, échevelée, qui émit la prétention de s'asseoir sur ses genoux. Ce bouge était, comme ses voisins, fréquenté par des mariniers de Seine, des tireurs de chine et des soldats. Deux ou trois longues tables encombrées de cruches, de brocs et do gobelets, rougi es do taches de vin, voilà pour l'ameublement. Aux murs, des images enluminées représentant pêle-mêle le Juif-Errant, son bâton de pèlerin au poing; la Vierge, sur une boule qui figurait le monde et écrasant un serpent sous ses pieds; l'Enterrement du sieur Crédit, porté en terre par les mauvais payeurs, et quantité do sujets scabreux dont, pour les raisons susdites concernant la délicatesse des oreilles èn question, nous nous interdisons la nomenclature et surtout la description. Cogolin se mit donc à manger et à vider...