Extrait du journal

LA QUESTION! ÉGYPTIENNE au Sénat. Mardi dernier a e» lieu au Sénat, la discussion sur le premier crédit égvptien voté par la Chambre (7,835,000 fr.). Celle séance a été très importante et le Sénat s'est montré sous un jour fort curieux. Deux points surtout méritent U’èlre notés : Le Sénat est partisan résolu de l’alliance anglaise et se montre très-favorable à la politique de M. Gam betta. MM. Sehérer, Waddingtoo et de St-Vallier ont pu , sans soulever la moindre protestation , affirmer leurs sympathies pour cette politique. Les crédits demandés ont été votés (on Le pou vait faire autrement, l’argent étant dépense); mais le rapport de M. Sehérer concluant au vote de ces crédits n’a été d’un bout à l’autre qo’un blâme sévère pour le cabinet. L’honorable rapporteur a surtout critiqué le manque d’unité dans la conduite du Gouvernement. De la, a-t-il dit, une certaine obscurité sur les principes qui ont dirigé cette conduite et, de cette obscurité, les incertitudes de l’opinion qui n’a jamais bien su quel but poursuivait le cabinet et par quels moyens il comptait atteindre ce but. Et plus loin, le rapporteur a ajouté ces paroles qui nous semblent d’une vérité absolue : • Nous nous sommes quelquefois demandé si les incertitudes de la conduite du Gouvernement ne provenaient pas d’une préoccupation exagérée de la position parlementaire. Sans être aucunement insensibles aux difficultés qu’opposent a l’exercice du pouvoir les conditions de la société moderne, il nous semblait que le pins sur moyen de s’assurer une majorité, c’était encore la neiteté des vues et l’autorité des convictions. Un homme d’Etat con temporain l’a dit : La grande misère de notre temps est la crainte des responsabilités. U aurait pu ajouter qu’on gouverne moins l’opi nion en la suivant qu’en la formant, et qu’on ne la forme que par l’énergie des initiatives. » De tout cela, il résulte que la situation du cabi net sur cette question égyptienne est mauvaise. Il ne donne aucune indication sur sa politique à venir : on ne sait pas où l'on va ; il ne le sait pas lui-même. 11 lui serait impossible de dire ce qu’il fera demain, et si, avant même que la Chambre ait voté le crédit nouveau , il ne sera pas obligé d’en solliciter un troisième. Où le cabinet prendra-t-il les futurs contingents, si les 8,000 hommes demandés a la marine sont insuffisants ? Videra-t-on tous les quartier» maritimes ? Appellera-t-on la réserve de l’armée de mer? En un mot, que veut le ministère, et où veut-il nous mener? Pour Dieu, qu’il prenne garde surtout de te...