Extrait du journal

La population allemande des Etats-Unis dépasse en ce moment quatre millions. Alarmés d’un tel mouvement d’expatriation, plusieurs gouvernements d’Allemagne s’occupent des moyens de l’empêcher; ou tout au moins de la ralentir. Déjà même il vient d’être établi en Prusse une taxe sur les permissions d’émigrer qui doit, espère-t-on, arrêter l’entraînement des plus pauvres ; mais pour justifier complètement cette mesure, encore faudrait-il que le pays qui veut retenir ses encans pût leur assurer une condition plus supportable. C'est presque toujours ta misère qui détermina ces grands courais d’émigrations en masse. L’immense débordement des peuples du Nord qui se manifesta dans les premiers siècles de l’ère chrétienne, et précipita la chute de l’empire Romain, n’eut pas d’autre mobile qu’none pauvreté belliqueuse, cherchant les aventures et un sort meilleur. De nos jours, une indigence, plus poignante peut-être , parce qu’elle s’exalte au contact du luxe, travaille les peuples où la charité catholique, absente ou amoindrie , cesse d'être un contrepoints aux vices des hommes. L’Irlande, toujours traitée en pays conquis, a trouvé dans l’oligarchie anglaise toute la dureté des maîtres païens vis-à-vis de leurs esclaves. La Prusse, quoique mieux administrée , ne laisse pas de souffrir tout à la fois et de l’accroissement démesuré de sa population , presque doublée depuis la paix de ibis, et de ce paupérisme industriel qu’né concurrence effrénée traîne...