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Gazette nationale ou le Moniteur universel, 2 mars 1849

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Gazette nationale ou le Moniteur universel
2 mars 1849


Extrait du journal

PARTIE NON OFFICIELLE. INTÉRIEUR. Paris, le \er mars. I.e parti socialiste, à la veille des sinistres journées de juin, était dans toute sa force ; il osa livrer bataille à la société. En janvier 1849, affaibli par une première dé faite, il eut recours à l’arme des minorités factieuses en se réfugiant dans les complots. Aujourd hui, il a franchi cette seconde période de sa décadence, et il en est réduit à un système d'agitation, d’inquiétude ; il travaille à trou bler par des démonstrations extérieures le pays qu’il n’es père plus ni gouverner, ni conquérir, ni même sur prendre. Nous avons signalé divers actes de cette propagande sans nom, dans laquelle le socialisme expirant se traîne. Il peut être utile d’en passer quelques autres en revue. Exposer de pareils actes au grand jour, c’est les flétrir. 11 faut que l’on voie ce qu’ont inventé et ce qu’enseignent ces docteurs qui ne craignaient pas de se proposer en exemples. A Clermont-Ferrand, à Villefranche (Aveyron), à Saint-Céré (Lot) et dans vingt autres endroits, les socia listes n ont considéré l’anniversaire du 24 février que comme une occasion de parader avec le drapeau rouge, ou, à défaut, avec le bonnet rouge. Partout où ils ont cru être en force, leurs toasts et leurs cris ont pris un ca ractère séditieux, comme à Villefranche, où l’on a bu : « Aux victimes de juin, aux frères assassinés ! » A Langeac (Haute-Loire), les adeptes de la république démocratique et sociale se sont livrés à une hideuse et dégoûtante orgie. Quatre individus, vêtus de rouge de la tète aux pieds, portaient des haches et des piques. Qua tre autres individus, habillés de blanc, étaient attachés avec des cordes que les rouges tenaient à la main. Ce cortège, précédé d'un tambour et suivi d’environ cent personnes, a parcouru deux fois l’étendue de la ville, s’ar rêtant sur les places publiques pour mener une danse in fernale autour des arbres de la liberté. Au milieu de la danse, on traînait les blancs au pied de l’arbre, en les obligeant à se mettre à genoux pour faire amende honoble ; et les rouges brandissaient leurs haches sur la tête des captifs. Puis, l’on coupait la tête à des mannequins blancs, pour rendre plus frappant le simulacre. A Schirmeck (Vosges), l’appareil de terreur était en core plus complet. Vingt jeunes gens armés de sabres et de haches, dont un figurait le bourreau, ont promené dans plusieurs communes une charrette sur laquelle ils avaient établi une guillotine. Le cortège s’est arrêté sur les places publiques et devant les habitations des per- | sonnes riches. A chaque station, le bourreau exécutait . un mannequin. Avant comme après l’exécution, la bande criait tout haut : « Les riches disent : Vive Cavaignac ! nous autres, nous crions : Vive Robespierre! vive la guillotine! et si les riches ne sont pas contents, nous leur en ferons autant ! » Ces démonstrations, dans lesquelles le ridicule le dis pute à l’odieux, ne resteront pas impunies. Plusieurs ar restations ont été opérées et la justice informe. Mais la véritable répression est dans l’horreur et dans l’Indigna tion qu’inspirent des tentatives qui semblent nous reporter vers la barbarie. Partout la réprobation (de ces excès est éclatante et unanime. Dans quelques communes voisines de Dijon, les instigateurs de banquets socialistes ont été expulsés, et les apôtres du système brûlés en effigie. A Dijon même, les ouvriers disent, en voyant ce parti en déroule : « Nous pouvons dormir tranquilles, puisque les rouges sont des titués. » A Romans, après 1 enlèvement du bonnet rouge, 10,000 personnes ont afflué au marché, et le prix de la soie a haussé de 2 fr. par kilogramme. Le pays respire, parce qu’il sait bien que ces théories, qui s étalent avec fracas, ne sont plus à craindre. Le j temps est passé où les socialistes pouvaient désorganiser et détruire. On les a vus à 1 œuvre, et l’on ne veut plus les y voir. La nation française n'est pas, grâce au ciel, assez ignorante ni assez naïve pour se laisser prendre à i...

À propos

Fondé en 1789 par Charles-Joseph Panckoucke (1736-1798), éditeur de l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert, La Gazette nationale ou Le Moniteur universel fut pendant plus d'un siècle l’organe officiel du gouvernement français.

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