Extrait du journal

' ’mps-là je n’avais pas un sou vaillant. Je vendais des dattes à Naples à la porte d’un palais, plus tard, à Paris, je ven dais des lorgnettes sous les arcades de la me de Rivoli. Je n’ai eu l’idée de me faire usurier qu’à cinquante ans, alors que j’étais presque aussi laid et ravagé que vous me voyez maintenant. L'argent est arrivé, mais tous mes charmes étaient partis, et je ne pouvais plus espérer d’être aimé pour moi-même. J’ai des millions dans mes coffres, des dépôts à la Banque, et je fais depuis longtemps de grandes af faires, j’amasse sans cesse et je ne dépense rien. En ce moment je gagne ce que je veux à la Bourse. Je suis, depuis 1871, sur la rente sans bouger. Calculez mes bénéfices. Tout cela c’est très joli, mais je le donnerais volontiers pour la certitude qu’une belle fille pourrait m’embrasser sans dégoût et pour la faculté de pouvoir digérer un beefteack. Pardonnez-moi mes digressions sans fin, et abordons votre affaire. Vous me disiez donc que vous étiez amoureux* Vous avez fait des dettes que vous voulez payer, ou vous êtes à court d’argent, et il vous en faut pour mener le même train. Il y a dans la boutique des joailliers des bi joux que la belle convoite. 11 faut de quoi les décrocher. — Ce n’est pas cela tont à fait; mais cela y ressemble, interrompit Daniel. — Mais si vous voulez des brillants; j’en ai là dans ce grand coffre. Onvrez-le, et voyez s’il y a quelque chose qui vous convienne. Daniel ouvrit le coffre et découvrit vingt pâtures plus belles les unes que les autres* A côté, il vit entortillés dans des foulards de soie écrue, des perles fines et des se* phirs par milliers. GUSTAVE CLAUDINE (La tuite à demain*)...